L'industrie musicale américaine met en ce moment à l'essai une nouvelle tactique pour décourager les internautes habitués au téléchargement par Bittorrent: une «amende» de 10 dollars. Maintenant que les producteurs de contenu ont le droit d'obtenir le nom des clients des fournisseurs de services internet canadiens, l'imposeront-ils ici aussi?

C'est plus une façon de collecter des sous d'un phénomène qui leur échappe, mais des producteurs de contenu ont mandaté une agence basée à Los Angeles pour essayer un nouveau genre de riposte au phénomène Bittorrent. La bien nommée Digital Rights Corp. procède ainsi à l'envoi massif de courriels menaçant les personnes ciblées de représailles en cour pouvant se solder par une véritable amende de 3000 dollars, à moins qu'ils ne règlent immédiatement, «à l'amiable», pour une somme moindre.

>>> Suivez Alain McKenna sur Twitter! (@mcken)

Ce règlement immédiat prend la forme d'un paiement par carte de crédit instantané, sur internet, d'une somme totale de dix dollars. «Si vous cliquez sur le lien et vous vous inscrivez sur le site de Rightscorp, lit-on dans ce courriel, pour 10$ par infraction, vous serez légalement libéré par les propriétaires du contenu.»

L'entreprise fait un suivi méthodique de l'action sur les réseaux de téléchargement poste-à-poste, identifie les adresses IP des utilisateurs et, comme le font également parfois les producteurs de films américains, envoie ensuite une missive aux fournisseurs de services internet concernés, les enjoignant de transmettre le courriel en question aux propriétaires des adresses collectées.

Située à Los Angeles, Digital Rights Corp. ne possède des clients que dans l'industrie musicale américaine, et refuse de dire si sa formule connaît du succès. Dans une entrevue avec le site paidContent, Robert Steele, directeur de l'exploitation de la société, indique par contre qu'il peut suivre la trace de films, de livres numériques et de tout type de contenu passant par le téléchargement P2P.

Ce nouvel agent pourrait aussi déborder les frontières américaines, puisque des studios américains ont récemment obtenu de la cour fédérale du Canada le droit d'exiger des FSI locaux le nom de clients soupçonnés d'avoir téléchargé du contenu par Bittorrent, afin d'intenter d'éventuelles poursuites.

Coûteuses et incertaines, celles-ci ont de minces chances de survenir. En brandissant cette menace dans un courriel incitant à régler pour une poignée de dollars, l'industrie semble plus ou moins l'admettre. Si la nouvelle tactique fait mouche, cependant, il y a de fortes chances pour qu'elle se répande au-delà des frontières de l'industrie musicale américaine.