La publication d'une fausse nouvelle sur le site du quotidien Le Devoir comporte son lot de similitudes avec celle survenue, plus tôt ce printemps, sur le site du Parti conservateur du Canada. Cela mène un observateur à l'affût du phénomène à attribuer ces deux événements à la même source, un nouveau regroupement de pirates indépendant des groupes connus.

Luc Lefebvre, créateur du portail QuébecLeaks, avertit la direction du Devoir qu'elle devrait vérifier si son système de courrier électronique n'a pas également été piraté, la nuit du 15 au 16 août. C'est ce qui s'était produit du côté du PCC, tandis que le site affichait une fausse alerte concernant la santé du premier ministre canadien.

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«Il y a quelques autres traits communs entre les deux attaques, mais tant que Le Devoir n'en dira pas plus sur la nature de l'attaque, on ne pourra faire que spéculer sur l'identité des gens à la source de cette fausse nouvelle annonçant le décès de Jean Charest», ajoute-t-il.

Un détail qui agace M. Lefebvre est l'absence de revendication pour cette attaque, de même que celle contre le site du parti de Stephen Harper. «C'est le même genre de manoeuvre qui a été posée aux États-Unis, quand Fox News a faussement annoncé la mort de Barack Obama, ou quand celle de Rupert Murdoch a aussi été diffusée à tort. Dans ces deux cas-là, l'acte de piratage a été revendiqué publiquement par la suite.»

Le fondateur de QuébecLeaks, qui a contacté des membres du regroupement de pirates Anonymous, dissocie ainsi les deux cas canadiens des cas étrangers, concluant qu'il ne s'agit là que d'imitations sans véritable intention autre que d'attirer l'attention.

Il note par ailleurs que la ou les personnes ayant attaqué le site du Devoir pourraient faire partie d'un nouveau groupe de pirates, inconnu à ce jour des groupes existant. Le document contenant le nom, le courriel et le mot de passe des milliers d'abonnés au site du Parti conservateur, reçu par QuébecLeaks en juin dernier, critiquait vertement les membres d'un regroupement canadien appelé LulzRaft, admirateurs déclarés du groupe américain LulzSec.

«Les membres d'Anonymous à qui j'ai parlé affirment n'avoir aucun intérêt pour des actes à rayonnement purement régional. Ils essaient plutôt de se coller à l'actualité internationale. S'il fallait que la fausse nouvelle publiée sur ledevoir.com soit de même origine que celle sur le site du PCC, cela signifierait qu'on assiste peut-être au Canada à la naissance d'un nouveau groupe de cyberpirates, dont on ne connaît pas encore la nature ni les objectifs», conclut Luc Lefebvre.