Les internautes qui consultent compulsivement -plus de 10 fois par jour!- leur page Facebook seraient moins heureux que les autres. Au Québec, c'est environ un abonné sur 10... et près d'un ado sur cinq.

Ces gens qui consultent leur page Facebook 10 fois ou plus par jour ont un indice de bonheur de 71,4, soit cinq points sous la moyenne québécoise.

On évalue l'Indice relatif du bonheur (IRB) par de simples questions sur le bonheur. Les réponses se traduisent par le niveau de bonheur, selon une échelle de 1 à 10. Les données brutes sont ensuite pondérées selon la sociodémographie du Québec pour enlever toute surreprésentation.

Pourquoi les grands utilisateurs sont-ils moins heureux? À cause de la dépendance, croit Pierre Côté, l'homme derrière l'IRB.

«L'IRB ne varie à peu près pas jusqu'à ce qu'on arrive à cinq fois par jour. Aussitôt qu'on arrive à 10 fois et plus, il y a un fléchissement. Quand t'es rendu là, c'est parce que t'as une petite dépendance. La dépendance, le bonheur n'aime pas ça.»

Dans l'ensemble, 20% des abonnés de Facebook consultent leur page cinq fois par jour. La proportion passe à 35% pour les jeunes de 18 à 24 ans. Elle fléchit à 4%, pour les 55 à 64 ans. Un phénomène générationnel, de toute évidence.

Surtout, ceux qui ne sont pas abonnés à Facebook semblent avoir un IRB plus élevé que la moyenne, note M. Côté. Reste à voir si Facebook attriste. Ou est-ce les gens moins heureux qui consultent ce site? L'oeuf ou la poule, en version 2.0.

Pression sociale

«Autant il y a quatre ans, quand Facebook était encore un peu un phénomène avant-gardiste, les gens qui étaient sur Facebook avaient un indice de bonheur plus élevé, ceux qui n'y étaient pas avaient un indice plus faible», soulève Pierre Côté.

Les premiers à s'inscrire ont un tempérament de leader. Des gens à l'avant-garde, des curieux. Ils auront essayé ce mode de communication parce qu'ils en avaient envie, et non à cause d'une quelconque pression sociale. Les internautes qui se démarquent du lot sont maintenant ceux qui ne sont pas abonnés à Facebook. Dans les deux cas, l'IRB de ces marginaux est plus élevé que la moyenne. Ils sont plus heureux.

Parmi les abonnés à ce réseau social, 39% répondent avoir eu une pression extérieure pour s'y inscrire. Une pression quasi intenable pour un jeune de 18 à 24 ans qui fait partie des quelque 10% qui ne sont pas abonnés, dans sa tranche d'âge. Pour ceux-ci, il faut être «fait fort» pour résister, dit le chercheur.

Certains de ces non-initiés se conformeront, cédant sous la pression.

Toutefois, «plus les gens avouent que leur comportement est biaisé ou influencé par la société ou leur entourage, leur famille ou les gens autour d'eux, plus leur indice de bonheur est faible».

Reste que la proportion des gens abonnés à Facebook est si grande que leur IRB moyen ressemble maintenant à celui des Québécois en général.

Le sondage a été effectué par l'IRB auprès de 2355 personnes qui fréquentent son site Web. Des répondants qui connaissent déjà bien les rouages d'Internet, ce qui influence sans doute le résultat, sans toutefois en discréditer la portée. D'autres résultats de ce sondage seront dévoilés à la fin de l'été.