Devant le gratin de l'internet mondial, le président français Nicolas Sarkozy a inauguré mardi la première édition d'un «e-G8» en plaidant pour l'instauration d'un minimum de contrôle sur le web et à la «responsabilité collective» avant le sommet du G8 à Deauville (nord-ouest).

Insistant sur le rôle de l'internet dans les révolutions arabes, le chef de l'État français, dont le pays exerce la présidence du G20 et qui sera l'hôte du G8, a appelé les acteurs de la Toile à ne pas s'affranchir «des règles de droit et de la morale».

«Les peuples des pays arabes ont montré au monde qu'internet n'appartenait pas aux États, l'opinion internationale a pu ainsi constater qu'internet était devenu pour la liberté d'expression un vecteur d'une puissance inédite», a-t-il lancé.

Mais, a-t-il dit, «ne laissez pas la révolution que vous avez lancée véhiculer le mal, sans entrave, ni retenue. Ne la laissez pas devenir un instrument aux mains de ceux qui veulent porter atteinte à notre sécurité, et donc à notre intégrité ... Ne laissez pas la révolution que vous avez lancée porter atteinte au droit élémentaire de chacun à une vie privée et à une pleine autonomie».

Estimant qu'internet était devenu «l'échelle de crédibilité des démocraties ou l'échelle de honte des dictatures», Nicolas Sarkozy a appelé les dirigeants d'internet à ne pas s'«exonérer de valeurs minimums».

«Les États souhaitent engager avec vous un dialogue pour qu'une voie équilibrée puisse un jour être trouvée entre vos intérêts, ceux des internautes qui vous plébiscitent chaque jour et ceux enfin des citoyens et des contribuables de chaque Nation qui ont aussi des droits», a-t-il dit.

Ce e-G8 a été voulu par Nicolas Sarkozy, en préparation du traditionnel sommet des chefs d'État et de gouvernement jeudi et vendredi, où l'internet figure pour la première fois à l'ordre du jour.

Pendant deux jours, la quasi-totalité des grands noms de l'internet comme Facebook, Google ou encore Microsoft vont défendre leur vision de la Toile et du modèle économique à mettre en place pour assurer son développement et sa pérennité.

«Nous avons beaucoup de pain sur la planche. Tout ne sera pas résolu en deux jours, mais nous avons une occasion de faire avancer internet», a dit Maurice Lévy, PDG du groupe Publicis chargé d'organiser l'événement.

Le secteur de l'internet pèse 3,4% du PIB dans 13 pays (ceux du G8 plus le Brésil, la Chine, l'Inde, la Corée du Sud et la Suède) et a contribué à 10% de leur croissance au cours des cinq dernières années, selon une étude du cabinet de conseil McKinsey dévoilée lors du e-G8.

Les séances plénières qui vont rythmer cette première journée seront consacrées à «internet et la croissance économique», «internet et la société», «le futur d'internet» et «la propriété intellectuelle».

La commissaire européenne chargée des nouvelles technologies, Neelie Kroes, ouvrira les débats mercredi et l'intervention du fondateur de Facebook Mark Zuckerberg précèdera le débat de clôture.

Dans la journée, deux séances plénières, sur l'innovation et la transformation digitale, seront suivies par des ateliers thématiques.

À l'issue du forum, une délégation d'intervenants ira porter à Deauville un résumé des débats pour «faciliter la réflexion des chefs d'État», selon Maurice Lévy.

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