Des fournisseurs d'accès à internet (FAI) britanniques ont échoué mercredi dans leur recours judiciaire contre une loi adoptée en 2010, sous l'égide des travaillistes, et qui inclut des mesures controversées de lutte contre le piratage numérique.

L'opérateur historique BT Group (ex-British Telecom) et son concurrent Talk Talk, deux des principaux FAI du pays, avaient porté plainte devant la justice britannique contre la «loi sur l'économie numérique», adoptée l'an dernier, estimant qu'elle violait la législation européenne et enfreignait la liberté d'expression et le droit à la vie privée des internautes.

La Haute Cour de Londres, saisie du dossier, a toutefois rejeté mercredi la requête des deux opérateurs, à la grande satisfaction des représentants de l'industrie musicale, studios de cinémas, éditeurs de jeux vidéos et autres créateurs de contenus victimes du piratage. La confédération des syndicats britanniques, le TUC, a aussi salué le jugement, au nom des millions d'employés des secteurs concernés.

À l'inverse, plusieurs associations de défense des libertés ont regretté la décision judiciaire, qui va selon eux entraver les droits des internautes.

Cette loi controversée, qui avait été votée à l'initiative de l'ancien ministre du Commerce Peter Mandelson, peu avant la défaite des travaillistes aux législatives du printemps 2010, contient une série de dispositions visant à renforcer la lutte contre le partage illégal de fichiers sur internet, et à protéger la propriété intellectuelle sur la toile.

Elle va notamment obliger les FAI à coopérer avec les ayants droit pour identifier les internautes se livrant au piratage, et faciliter les poursuites judiciaires à leur encontre, par exemple en livrant les adresses des personnes incriminées.

L'ancien gouvernement travailliste avait même envisagé initialement d'obliger les FAI à couper l'accès à internet de ceux qui téléchargent illégalement films et autres chansons de manière répétée, «en dernier recours», mais cette mesure radicale avait finalement été écartée de la loi adoptée l'an dernier.