La lutte opposant les fournisseurs de services internet canadiens aux internautes réclamant un retour des forfaits d'accès illimités passe au second round. Prochaine étape : gagner la faveur du grand public, en passant cette fois par les médias traditionnels.

Du côté du Canada anglais, où la partie se joue plus sérieusement qu'au Québec, des porte-parole de l'industrie des télécommunications ont fait des sorties publiques remarquées, ces derniers jours, afin d'effrayer les signataires d'une pétition en ligne enjoignant le CRTC à revoir sa décision, au sujet de la facturation de l'accès à internet.

La semaine dernière, un éditorial dans le réputé magazine Maclean's, propriété du groupe torontois Rogers Media, torpillait l'intervention du premier ministre Stephen Harper dans ce processus, ce qui a réellement motivé le revirement du CRTC. « À une autre époque, le gouvernement consultait les parties affectées par ses politiques, et pesait les conséquences de ses décisions. Aujourd'hui, tout ce qu'il faut, ce sont deux pouces et un BlackBerry », peut-on y lire.

L'organisme à but non lucratif OpenMedia compte réagir à cette nouvelle fronde. Ayant organisé avec succès la pétition qui a initialement fait réagir tant Stephen Harper que le CRTC, OpenMedia lance cette fois une campagne de financement en ligne, afin, notamment, d'acheter de l'espace publicitaire dans les grands quotidiens du pays.

« L'attitude de ces grandes entreprises est élitiste, condescendante et insultante pour le consommateur. Nous devons organiser une défense structurée à cette nouvelle attaque », explique Steve Anderson, codirigeant de l'organisme, sur son blogue. M. Anderson invite les internautes à visiter le site openmedia.ca/drive pour en apprendre davantage sur la position de son organisme.

Facturer selon l'usage : une mesure contestée

Au début de février, le CRTC a autorisé les propriétaires des réseaux par lesquels passe le signal internet, à faire payer les revendeurs indépendants selon leur volume d'utilisation. Pour ceux-là, ça signifie la fin des forfaits d'accès illimités, une décision qui affecte, au plus, 6 % des internautes au pays.

Konrad von Finckenstein, président du CRTC, a résumé l'affaire en une phrase qui tient bien en moins de 140 caractères : « Les utilisateurs ordinaires ne devraient pas être obligés de subventionner les grands utilisateurs. » OpenMedia n'a pas tardé à réagir, créant une pétition en ligne rapidement signée immédiatement par plusieurs dizaines de milliers d'internautes inquiets de cette décision. Selon l'OBNL de Vancouver, l'autorisation de facturer selon l'usage nuirait à l'innovation et à l'entrepreneuriat canadiens.

Les grands fournisseurs de services internet étant également propriétaires de réseaux de télévision, OpenMedia estime qu'ils en profitent également pour fermer la porte à des services étrangers concurrents, comme Netflix, Skype et autres, qui contribueraient à réduire le prix des services de communication au Canada.

« C'est l'avenir de notre économie, de notre capacité d'innover et de notre démocratie qui se joue présentement, écrit l'organisme à but non lucratif sur son blogue. Nous avons connu du succès depuis un mois, et il faut s'y remettre afin de prévenir l'interférence de ces entreprises dans le processus d'audiences publiques du CRTC. »

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