Les habitants d'Angleterre et du Pays de Galles peuvent depuis mardi visualiser d'un clic les statistiques de crimes et de délits à l'échelle de leur rue, grâce à un site internet lancé par la police britannique.

www.police.uk est le premier site proposant une «carte de la criminalité» à l'échelle d'un pays. Des sites similaires existent déjà dans plusieurs villes américaines.

L'internaute doit inscrire dans la page d'accueil le nom de sa localité ou son code postal. Les données pour six catégories sont affichées rue par rue: cambriolages, vols, atteintes aux véhicules, criminalité violente, comportements anti-sociaux et «autres crimes».

Les viols sont classés dans une catégorie «autres crimes», afin d'éviter une localisation trop précise des victimes.

Les «comportements anti-sociaux» (nuisances sonores, injures, comportements sous l'emprise de l'alcool, vandalisme etc.) ont totalisé 201 500 signalements en décembre (35 000 à Londres), soit plus de 6500 cas par jour.

Pour la ministre de l'Intérieur Theresa May, le site, qui a coûté 300 000 livres «va donner aux gens les vrais chiffres et inciter la police à rendre des comptes».

Il précise aussi les noms des officiers de police responsables par localité et la date éventuelle de la prochaine réunion de quartier. Mais il ne fournit pour l'instant aucune indication sur la résolution des cas par la police et la justice.

L'initiative soulève bien des questions dans les médias: ne va-t-elle pas soulever des peurs irraisonnées? Affecter les prix de l'immobilier? Faire grimper les primes d'assurance?

Selon la police, une expérimentation auprès de 7434 citoyens n'a pas montré que le site nourrissait les angoisses du public. Le secrétaire d'État à la police Nick Herbert a jugé que l'impact éventuel sur l'immobilier «n'est pas une raison suffisante pour ne pas dire aux gens ce qui se passe».

«On ne peut pas cacher la criminalité sous le tapis», a-t-il déclaré.

Mardi dans la matinée, le site, assailli par 75 000 connections par minute, était indisponible.