Plusieurs centaines de Canadiens ont été victimes d'une fraude en ligne connue sous le nom de «fraude d'urgence» ou «fraude de grands-parents».

Les experts estiment qu'au moins 625 personnes ont jusqu'à présent perdu quelque 2,1 millions $, même si le nombre réel de victimes et le montant exact des pertes sont vraisemblablement beaucoup plus élevés.

Les victimes reçoivent un coup de fil ou un courriel qui semble provenir d'un proche qui se dit en difficulté et qui demande un transfert d'argent de toute urgence.

Si la Gendarmerie royale du Canada recense quatre ou cinq victimes par jour, le sergent Paul Proulx croit que de nombreuses victimes ne se manifestent jamais. «Nous croyons ne connaître que de un à cinq pour cent du nombre réel de victimes, a-t-il dit. Certaines ont honte. Habituellement, quand vous êtes fraudé pour quelques milliers de dollars ou plus, vous risquez de ne pas en parler au monde entier. Vous allez plutôt apprendre de vos erreurs.»

On l'appelle parfois «fraude de grands-parents» parce qu'elle est particulièrement efficace auprès des aînés quand elle est perpétrée par téléphone.

«Ils reçoivent un appel d'une voix jeune et ils ne sont pas certains si c'est leur petit-fils ou leur petite-fille - c'est souvent (quelqu'un qui se fait passer pour) un petit-fils, a expliqué le sergent Proulx. Le fraudeur dit, «Grand-maman, est-ce que c'est toi?', et alors ils répondent, «Steve ou Billy, c'est toi?'.»

Une fois que le fraudeur est en possession d'un nom, poursuit-il, il explique avoir besoin d'argent pour sortir de prison ou de l'hôpital. La fraude fonctionne souvent avec les aînés qui ont des problèmes d'audition ou qui ne soupçonnent pas qu'ils puissent être ciblés. «Le sentiment d'urgence est très présent et ils réagissent donc très rapidement sans poser trop de questions», dit le sergent Proulx.

La version courriel de la fraude circule aussi depuis six ou huit mois. Un compte de courriel est tout d'abord piraté, puis le fraudeur envoie un appel à l'aide à tous les contacts de sa victime. S'il est particulièrement rusé, le pirate pourra commencer par scruter les anciens courriels à la recherche d'informations qui rendront son appel au secours encore plus crédible.

«Ces fraudeurs deviennent de plus en plus sophistiqués», explique Eric Park, de la firme de sécurité logicielle Symantec. Il rappelle qu'une des toutes premières fraudes par courriel - ce message provenant apparemment du Nigéria qui demandait quelques milliers de dollars pour mettre la main sur une fortune - fait encore des victimes aujourd'hui.