Regarder la toute dernière saison de «Lost», «Dexter» ou «Mentalist» en même temps que les Américains: un plaisir que les fans français s'offrent principalement par le biais du piratage, mais aussi désormais via les nouvelles offres de vidéo à la demande (VOD) des TV.

TF1 Vision, filiale de VOD du groupe audiovisuel, permettra de voir dès mercredi les deux premiers épisodes de la sixième saison de «Lost, les disparus», à peine quelques heures après que la chaîne ABC les aura diffusés outre-Atlantique.

Cette ultime saison de Lost sera diffusée par la chaîne bien plus tard.

TF1 n'en est pas à une première expérience, puisque ce genre d'offre dite «simultanée VOD» ou «VOD avant-première» a été lancée en 2007, avec la série américaine à grand succès Heroes.

TF1 n'est pas la seule sur ce créneau.

Canal+ permet depuis 2008 à ses abonnés de visionner des séries simultanément avec les téléspectateurs américains. C'est ainsi que des fans inconditionnels des héroïnes de «Wisteria Lane» ont pu, moyennant finances, regarder la sixième saison de Desperate Housewives dès octobre, bien avant sa parution sur la chaîne cryptée en avril. Idem pour la quatrième saison de Dexter, disponible en VOD depuis octobre et sur la chaîne Canal+ seulement à partir de mi-février.

Objectif principal pour les télévisions: «récupérer les fans inconditionnels qui n'ont pas la patience d'attendre de longs mois avant la diffusion de leur série préférée sur le petit écran», explique Pascal Lechevallier, directeur de TF1 Vision. Sans cette offre, ils récupèreraient les épisodes sur les sites de piratage.

«On constate un pic de piratage des séries au lendemain de leur diffusion aux États-Unis», confirme Christian Bombrun, directeur général adjoint de M6 Web, qui a lancé ce service en octobre.

Sur m6replay.fr, il est ainsi possible d'acheter depuis quelques mois la saison 2 de Californication, dont la diffusion n'est pourtant pas encore programmée sur M6.

Cependant, le pari de la lutte anti-piratage n'est pas gagné. Les épisodes achetés sur ces sites de VOD se limitent à quelques dizaines de milliers par an, une goutte d'eau par rapport aux millions de vidéos regardées gratuitement en ligne (streaming) ou téléchargées illégalement sur les réseaux d'échange de fichiers entre internautes («peer to peer»), indiquent les chaînes.

«Le réseau "peer to peer" est compliqué à manipuler mais propose de la très bonne qualité et les sites de streaming proposent de la qualité médiocre mais facile à manipuler», résume M. Bombrun.

«Nos offres de VOD sont à la fois de bonne qualité et simples à utiliser, mais quand les gens sont habitués à la consommation de piratage, il est difficile de revenir à une consommation classique», regrette-t-il.

Sur les sites VOD, le prix des épisodes est «relativement élevé» (à partir de 1,99 euro l'épisode), reconnaissent les chaînes, mais il est dû aux investissements dans les droits d'exploitation et la numérisation des contenus.

«Il faudrait que le volume augmente beaucoup pour que nous puissions réguler le prix à la baisse», dit M. Lechevallier.

Ce service se veut aussi une réponse à la désaffectation du public pour le petit écran au profit d'internet. Près de 70% des individus de plus de 15 ans ont regardé la télévision sur un autre écran que le poste traditionnel, selon une étude de Médiamétrie.

Outre la VOD simultanée, les TV proposent aussi la VOD classique (location de films, séries), la télévision de rattrapage et la web-fiction.