Facebook modifiera d'ici un an certains paramètres de son site web de réseautage pour se plier aux préoccupations de la Commissaire à la vie privée du Canada.

La commissaire Jennifer Stoddart a annoncé à Ottawa jeudi matin que le géant du réseautage avait entre autres accepté de forcer les fournisseurs de jeux et de quiz sur son site à obtenir un consentement plus complet des utilisateurs avant de recueillir leurs renseignements personnels et ceux de leurs «amis».Facebook expliquera aussi plus clairement dans sa politique de confidentialité la différence entre la désactivation d'un compte et sa suppression. La suppression permet d'effacer complètement les données personnelles contenues sur les serveurs de l'entreprise. Une telle option est déjà offerte, mais Mme Stoddart souhaitait la rendre plus explicite.

Jennifer Stoddart s'est dite satisfaite de la collaboration de l'entreprise et estime que les nouvelles mesures, qui s'appliqueront à la grandeur du réseau, donc partout dans le monde, protégeront mieux ses 200 millions utilisateurs, leur donnant entre autres une plus grande mainmise sur la protection de leurs informations confidentielles. Il s'agissait de la première enquête par un organe gouvernemental sur la planète, a-t-elle souligné.

Mme Stoddart a néanmoins tenu à rappeler aux quelque 10 millions d'utilisateurs canadiens que ce sont eux qui sont d'abord et avant tout responsables de se protéger sur le web. «L'utilisateur doit constamment tenir compte du fait qu'une fois qu'il met quelque chose en ligne, c'est très souvent là pour l'éternité, a-t-elle mis en garde. Donc il faut qu'il cherche à savoir ce qu'on fait avec ses renseignements personnels.»

La commissaire répondait à une plainte déposée le 30 mai 2008 par la Clinique d'intérêt public et de politique d'internet du Canada, de l'Université d'Ottawa. Elle avait rendu public son rapport le mois dernier, dans lequel elle soulignait que certaines de ses préoccupations étaient restées en suspens. Elle avait alors donné 30 jours à l'entreprise pour y trouver des solutions.

Tant elle que Facebook et la Clinique se sont dits satisfaits de l'issue des négociations. «Chez Facebook, nous croyons qu'avoir une bonne protection de la vie privée, c'est bon pour les affaires, a indiqué à La Presse Debbie Frost, directrice des communications de l'entreprise. Ça donne confiance aux gens qui utilisent Facebook et ça leur permet de partager de l'information dans un environnement dans lequel ils se sentent en sécurité.»

«Dans l'ensemble, nous sommes très contents, a quant à lui déclaré l'avocat permanent de la Clinique de l'Université d'Ottawa, Tamir Israel. Nos deux préoccupations principales étaient que nous voulions plus de transparence et plus de contrôle pour les utilisateurs. Plusieurs des changements que Facebook propose répondent à ces objectifs.»

L'entreprise de réseautage pourrait mettre jusqu'à un an à mettre en place certains des changements annoncés. La nouvelle plateforme destinée aux fournisseurs de jeux et de quiz sera complexe à mettre au point, a fait remarquer Jennifer Stoddart. Cette plateforme devrait entre autres comporter une demande d'autorisation plus détaillée quant au type d'information personnelle requise. Tant la commissaire que les représentants de la Clinique de l'Université entendent continuer à suivre le dossier.

Par ailleurs, Mme Stoddart doit publier un autre rapport dans les semaines à venir sur d'autres sites de réseautage comme Twitter, par exemple. Il s'agit du rapport d'une analyse amorcée cette fois-ci à sa propre initiative.