Internet a beau être rempli de possibilités, le réseau présente ses dangers. Fraudes, hameçonnage, pourriels, les mises en garde se multiplient. Ajouté sur la liste récemment, l'achat en ligne, celui des voyages, plus particulièrement. Est-il plus avantageux d'utiliser son ordinateur pour réserver une escapade à l'étranger? En quoi le web a-t-il changé les habitudes touristiques? La Tribune a posé les questions dans les agences de voyage sherbrookoises.

«La vente en ligne a eu un impact il y a deux ans, parce que les prix étaient plus bas sur internet. Maintenant, l'argent n'entre plus en ligne de compte. Seulement, les voyageurs seront plus à l'affût de ce qu'ils peuvent acheter. Le web leur sert à débroussailler», lance d'emblée Patricia Beaulieu, directrice commerciale aux Club voyages Orford.

Effectivement, une nouvelle réglementation force désormais les grossistes à offrir les mêmes prix sur internet que dans les agences.

«Oui il peut y avoir une différence de prix sur les vols nolisés, selon les disponibilités et le jour de l'achat. En agence, nous pouvons aussi travailler avec des consolidateurs, qui nous refilent les sièges invendus qui seront moins dispendieux. On ne les voit pas sur internet, mais 90 % du temps, ils seront moins chers. Pour aller en Asie, par exemple, ils proposent de meilleurs tarifs trois fois sur cinq. Et ils ne vendent qu'aux agences.»

Un visa peut-être?

Jacques Chouinard, conseiller en voyages à la Boutique du voyage, croit pour sa part que rien ne pourra remplacer les nuances et suggestions que peut apporter un être humain en chair et en os. «Par exemple, les délais pour les correspondances qui peuvent être trop courts, ou les destinations à éviter selon les périodes de l'année, les humains sont plus aptes à les connaître.»

Quelle allure aura la plage? L'hôtel correspond-il à vos goûts? Avez-vous besoin d'un visa? Quelles sont les restrictions ou règlements propres au pays que vous visiterez? Autant de questions dont les réponses se trouvent probablement sur la toile, mais que les conseillers en voyages ne manqueront pas de poser.

Dans le même sens, un problème lié au transport, une faillite de la compagnie d'aviation ou un retard important du vol, par exemple, reviendra immanquablement à la charge de votre agence. Un plan B peut parfois être déjà en branle quand le voyageur est informé de la situation fâcheuse. Pour les réservations en ligne qui tournent mal, il n'y a pour seule solution de téléphoner directement au transporteur... et de s'armer de patience.

«Il est nécessaire de vérifier les temps d'attente à l'aéroport entre deux vols ainsi que les heures de départ et d'arrivée. En agence, on travaille avec le client pour nous assurer qu'il aura exactement ce qu'il veut», ajoute Louise Drolet, conseillère en voyages chez Voyages Vacancia.

Parmi les autres risques qui guettent les internautes peu expérimentés ou manquant de vigilance : l'erreur humaine dont ils sont les seuls responsables.

«Les erreurs les plus courantes en ligne sont l'inscription du nom tel qu'il apparaît sur le passeport. Les gens oublient aussi de vérifier s'ils doivent détenir un visa ou s'il y a des restrictions particulières quant à la validité du passeport», illustre Patricia Beaulieu.

Confondre Sydney au Cap-Breton avec Sydney en Australie ou oublier de confirmer un achat en cliquant sur l'icône appropriée peuvent aussi entraîner bien des surprises... et des maux de tête.

Quatre heures d'autobus

«Des clients avaient réservé eux-mêmes un forfait pour leur vol et leur hôtel. Par contre, il n'était écrit nulle part sur internet qu'il fallait prendre un autobus pour un trajet de quatre heures, en descendant de l'avion, pour se rendre à l'hôtel», ajoute Mme Beaulieu. Recours? Aucun.

«Les gens pitonnent plus pour voir les tendances. Les jeunes, contrairement à ce qu'on peut penser, consultent davantage, notamment pour éviter les erreurs de planification.»

Enfin, Jacques Chouinard demeure positif. «Avec internet, les gens sont mieux préparés, mieux éduqués quand ils viennent nous voir. Les gens qui ont réservé en ligne finissent par revenir nous voir. Je ne crois pas à la fin du monde à cause d'internet. »