Dans la localité de Saint-François, à l'île d'Orléans, Roger Simard en a marre. Marre d'attendre devant son ordinateur parce que lui et environ 500 personnes de l'est de l'île n'ont pas d'accès Internet à haute vitesse, même s'ils vivent à proximité de Québec. Et marre d'attendre que le gouvernement agisse parce que les libéraux avaient promis, en 2002, de brancher en haute vitesse toutes les régions de la province à l'intérieur d'un premier mandat.

«On est juste à côté de Québec. Poser un câble, ça ne devrait pourtant pas être un problème», dit celui qui est père de l'ex-député péquiste Jean-François Simard. Mais malgré ses efforts et l'appui d'élus locaux, son comité de citoyens n'obtient pas de résultat. Bell et Vidéotron jugent les investissements nécessaires trop grands pour brancher une population restreinte et dispersée, et M. Simard commence à avoir l'impression que «les trois partis se sont foutus de nous dans ce dossier-là».

 

Cette situation, a-t-il précisé au Soleil, empêche plusieurs professionnels résidant dans les environs de travailler à la maison, à cause de temps de téléchargement trop longs.

Drôle de coïncidence, le premier ministre Jean Charest a annoncé cette semaine son intention d'investir 1 million $ pour doter la ville de Québec d'un accès Internet sans fil et gratuit - ce que le dg de la municipalité de Saint-François, Marco Langlois, a d'ailleurs bien noté. «J'ai trouvé ça très comique qu'on trouve 1 million pour donner l'Internet haute vitesse à des gens qui l'ont déjà alors que pour nous, on n'est pas capable de gratter des fonds de tiroir pour l'avoir à 30 kilomètres de Québec», dit-il.

Même de minuscules villages peuvent être branchés à la haute vitesse pour peu qu'ils se trouvent entre deux centres que Bell et Vidéotron doivent relier de toute façon. Mais au bout d'une île, explique M. Langlois, c'est une autre histoire. Un service par satellite est disponible, ajoute-t-il, mais il est beaucoup plus cher et moins rapide.

À l'Action démocratique du Québec, le député sortant de Montmorency, Hubert Benoît, dit avoir fait ce qu'il peut pour faire avancer le dossier. «On a interpellé la ministre (des Municipalités et des Régions, Nathalie Normandeau), on a eu un accusé réception disant qu'ils allaient s'en occuper, mais comme d'habitude, les libéraux n'ont rien fait.»

Ce dont son adversaire libéral Raymond Bernier se défend bien. Les choses progressent, assure-t-il, et la MRC devrait engager bientôt un consultant qui proposera des solutions et leurs coûts. «Ensuite, dit M. Bernier, on ira en appel d'offres.» Notons que le 25 septembre dernier, Mme Normandeau a annoncé qu'elle haussait de 20 à 24 millions $ sur cinq ans les sommes que son gouvernement entend consacrer au branchement haute vitesse des régions.

M. Simard réplique toutefois qu'il ne comprend pas pourquoi on payerait un consultant, puisque Bell et Vidéotron ont déjà des plans pour les travaux, d'après ce que des ingénieurs des deux compagnies lui auraient dit. Il ne manquerait qu'un coup de pouce gouvernemental.

«Aucun élu ne s'est occupé du dossier. Je ne voudrais pas que qui que ce soit s'arroge un mérite qui ne lui revient pas», rage-t-il.