La plateforme d'hébergement de vidéos YouTube (Google) s'est retrouvée une nouvelle fois dans une position délicate mardi après la tuerie perpétrée dans un lycée finlandais par un étudiant qui semble avoir mis en ligne plusieurs vidéos menaçantes avant de passer à l'acte.

Plusieurs vidéos postées sur YouTube par un certain Wumpscut86, un pseudonyme derrière lequel pourrait se cacher l'auteur de la fusillade, Matti Juhani Saari, montrent un jeune homme en train de s'entraîner au tir. Dans l'une d'entre elles, il pointe un pistolet vers une caméra et dit «You will die next» (Vous serez les prochains à mourir).

«Notre communauté d'utilisateurs est très efficace pour signaler les vidéos qui violent nos règles mais dans ce cas précis, les vidéos postées sur le compte originel ne violaient pas nos recommandations», a commenté mardi à l'AFP un porte-parole de la société américaine YouTube en Europe.

Sur son site, YouTube édicte une série de conditions d'utilisation de la plateforme. Elle pose des principes de base: «YouTube n'est pas un site destiné à choquer», «la violence graphique ou gratuite est interdite», «si votre vidéo montre quelqu'un en train de se faire blesser, attaquer ou humilier, ne la postez pas», «menaces, harcèlements ne seront pas tolérés», etc.

La communauté de YouTube se charge de signaler les contenus inadéquats ou illégaux. D'un simple clic, un internaute peut «flaguer» (signaler) une vidéo qui lui semble poser problème.

YouTube, dont le siège est en Californie, se charge alors de vérifier le contenu et de retirer la vidéo si elle le juge nécessaire. Ce contrôle a posteriori a lieu en permanence, assure la firme qui ne divulgue pas le nombre des personnes chargées de cette tâche.

Après la tuerie de mardi qui a fait dix morts plus le meurtrier, «le contexte dans lequel les vidéos avaient été postées avait changé», a dit le porte-parole de Google. «Elle sont entrées en violation avec nos recommandations», a-t-il ajouté.

Les vidéos originelles ont été «retirées et le compte a été désactivé dès que nous avons pris conscience que l'internaute en question pouvait être lié à cet incident», a affirmé ce porte-parole.

Les vidéos de Wumpscut86 restent visibles sur internet, ayant été relayées sur d'autres sites par d'autres utilisateurs et des médias désireux de les porter à la connaissance des internautes.

L'an dernier, YouTube s'était déjà retrouvé sur la sellette à l'occasion d'une précédente fusillade en Finlande. Le 7 novembre 2007, un jeune homme de 18 ans avait abattu huit personnes dans un lycée de Tuusula, à quarante kilomètres au nord d'Helsinki, avant de se suicider.

L'auteur de ce massacre, Pekka-Eric Auvinen, avait auparavant diffusé sur YouTube une vidéo explicitement intitulée «Jokela High School Massacre, 7 November 2007», dans laquelle il montrait son école et où il apparaissait avec une arme à feu.

À l'époque, YouTube avait expliqué qu'un contrôle a priori des contenus était «quasiment impossible». La société avait souligné que pour chaque minute qui passait, il y avait sept heures de contenus postés sur YouTube.

Depuis quelques années, les tueries ou tentatives de tueries annoncées sur internet se multiplient. Le Canada, l'Allemagne, le Japon ont notamment connu des affaires similaires.