Reporters sans frontières (RSF) a demandé lundi la libération du blogueur Dieu Cay, arrêté selon les médias officiels vietnamiens sur soupçons de fraude fiscale, mais qui selon l'organisation de défense des médias paie ses critiques contre le gouvernement communiste.

L'accusation de fraude fiscale est «totalement infondée» et «sert de prétexte aux autorités pour garder Dieu Cay en détention et l'empêcher de publier à nouveau des articles qui critiquent la politique du gouvernement vietnamien», a estimé l'organisation près de quatre mois après son arrestation.

Dieu Cay, dont le vrai nom est Nguyen Hoang Hai, avait été arrêté quelques jours avant le passage de la flamme olympique à Ho Chi Minh-Ville (ex-Saïgon, sud), que Hanoï avait promis sans incident à Pékin.

C'est le journal du ministère vietnamien de la Justice qui avait confirmé son arrestation, en expliquant qu'il était soupçonné «d'évasion fiscale».

Mais en avril déjà, RSF avait dénoncé l'arrestation, estimant que le blogueur était visé pour ses prises de positions contre la politique de Pékin en mer de Chine du Sud.

Les autorités chinoises et vietnamiennes revendiquent toutes deux la souveraineté des îles Spratleys et Paracels dans cette zone, une situation qui tend régulièrement les relations entre les deux pays communistes et avait provoqué de rares manifestations anti-chinoises à Hanoï et Ho Chi Minh-Ville fin 2007, début 2008, auxquelles, rappelle RSF, Dieu Cay avait participé.

 «Dieu Cay est membre d'un groupe de blogueurs connu sous le nom du club des journalistes libres», souligne encore RSF dans un communiqué, dénonçant les «menaces et arrestations» dont sont «régulièrement victimes» les membres du groupe.

L'organisation de défense des médias estime que le Vietnam, où «neuf cyberdissidents sont actuellement derrière les barreaux en raison de leurs publications en ligne», est «le pays asiatique le plus répressif sur Internet après la Chine».