Quarante-cinq heures par semaine! C'est le temps que passent les jeunes de 10 à 16 ans devant leurs innombrables écrans (télévision, ordinateur, console de jeux, MP3 et maintenant cellulaire). C'est 20% plus d'heures qu'il y a 10 ans.

À deux heures par jour, même les enfants d'âge préscolaire n'échappent pas au magnétisme de l'écran. Bien entendu les écrans sont là pour de bon, mais ils posent problème en privant encore plus les jeunes d'un besoin essentiel: bouger!Déjà 85% des jeunes de moins de 20 ans ne suivent tout simplement pas la recommandation de base du Guide d'activité physique canadien qui est de faire quotidiennement au moins 90 minutes d'activités physiques. Il faut dire qu'ils n'ont plus beaucoup de temps (et d'intérêt) quand ils passent plus de six heures par jour les yeux rivés sur un écran. Or, cette tendance, qui s'accentue d'ailleurs, à «l'inactivité physique extrême» pour reprendre l'expression de certains chercheurs, n'augure rien de bon pour la santé future des jeunes.

Loisir sédentaire

C'est que la télé fait grossir. Elle fait grossir parce que c'est probablement le plus sédentaire des loisirs comme l'a démontré une étude sur le métabolisme de repos (dépense calorique à l'état de repos).

Les auteurs de l'étude ont comparé l'évolution du métabolisme de repos chez 32 enfants prépubères obèses et non obèses pendant qu'ils regardaient la télévision et pendant qu'ils se reposaient. Les deux sessions duraient 25 minutes. Résultat: on a observé une baisse moyenne du métabolisme de repos de 16% lorsque l'enfant regardait la télévision par rapport à la condition de repos.

Un tel ralentissement du métabolisme, si on l'extrapole sur 24 heures, signifie une accumulation moyenne de 211 calories par jour chez les enfants observés. Et plus on reste assis devant un écran, plus on engraisse comme le montre le tableau.

Or, l'embonpoint et l'obésité, deux conditions qui affectent un nombre grandissant de jeunes Québécois, favorisent l'apparition précoce du diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et, possiblement, de cancers associés à un excès de poids.

Difficile à freiner

Hélas! il n'y a pas de baguette magique pour freiner cette tendance «écrangivore». Il n'y a, en fin de compte, que deux solutions. La première, c'est de limiter le temps passé devant un écran. La Société canadienne de pédiatrie suggère un maximum d'une heure de télé par jour chez les enfants d'âge préscolaire et un maximum de deux heures par jour chez ceux du premier cycle. Le défi est de taille, mais il risque d'avoir des effets bénéfiques sur la santé des jeunes.

Selon des données du National Cancer Institute aux États-Unis, on observe le taux d'obésité le plus faible chez les enfants qui écoutent moins d'une heure de télévision par jour. La deuxième solution est de tout faire pour amener (et non pas seulement inciter) les jeunes à bouger davantage.

Les parents peuvent contribuer à cette solution, mais aussi l'État en offrant aux jeunes une heure d'éducation physique par jour. Certaines écoles le font déjà avec de très bons résultats académiques. Peut-être en sommes-nous rendus là pour contrer la réduction incessante de l'activité physique causée par le développement technologique.

LE PETIT ÉCRAN ET LES JEUNES

Heures passées devant le petit écran (par jour) / % des enfants qui sont obèses

0-2 heures / 12

2-3 heures / 23

3-4 heures / 28

4-5 heures / 30

Plus de 5 heures / 33

Source: Pediatrics, février 2002