Serres Jardins Nature est un producteur de tomates biologiques situé à New Richmond, en Gaspésie. C'est, en fait, le plus important producteur de tomates bio au Canada, peut-être même en Amérique du Nord. Et si ses tomates sont reconnues pour leur bon goût, elles commencent à faire parler d'elles, aussi, pour leur petit côté techno...

Il est de plus en plus difficile d'être producteur agricole au Québec. L'équipement coûte cher et, surtout, les acheteurs se font de plus en plus rares. Pas les consommateurs, les chaînes d'alimentation. Comme les décisions se font de plus en plus à l'extérieur du Québec, les producteurs d'ici sont de moins en moins considérés.

Christian Côté, PDG de Serres Jardins Nature, a trouvé une solution: l'internet. Depuis 2002, son entreprise a connu une croissance constante grâce à ce filon. Ses revenus étaient de 1,5 million de dollars en 2007, et devraient dépasser 2,1 millions en 2008. Aujourd'hui, l'entreprise d'une quarantaine d'employés réalise plus de 80% de son chiffre d'affaires à partir d'une plateforme web où s'approvisionnent de nombreuses chaînes d'alimentation nord-américaines.

Du bio branché

«On fait affaire avec toutes les grandes chaînes du Canada: Loblaws, Sobey's et Metro. Tout est échangé en ligne: les produits qu'on offre, la quantité désirée et à quels entrepôts on doit les livrer, résume l'homme d'affaires gaspésien. Ça nous permet d'être très près de nos clients, qui peuvent être n'importe où en Amérique du Nord.»

Serres Jardins Nature s'est trouvé un secteur très spécialisé: les légumes de serre biologiques. C'est un marché pointu, qui rejoint seulement 2% de la population, mais qui croît d'environ 20% chaque année. Et grâce à sa stratégie, la société gaspésienne est de plus en plus influente dans l'industrie bio nord-américaine. «On commence à recevoir des appels de la Californie», confirme son PDG.

Au Québec, Christian Côté constate qu'il y a peu de producteurs agricoles qui regardent du côté des nouvelles technologies pour faire croître leur entreprise. Il affirme même être le seul producteur bio à faire des affaires en ligne. Pourtant, les effets se font sentir -ou devrait-on dire qu'ils se font goûter- jusque dans l'assiette des consommateurs.

Une tomate de serre biologique diffère d'une tomate de serre tout court du fait qu'elle est cultivée en pleine terre, et nourrie de compost. Ça lui donne plus de goût, semble-t-il. Une tomate de serre bio échangée sur l'internet, elle, est aussi plus fraîche, assure M. Côté.

«On vend des produits périssables. Plus vite on conclut l'affaire, plus vite ils se trouvent sur les tablettes et plus ils sont frais», dit-il, affirmant au passage que son système informatisé lui permet de couper de moitié le temps de facturation de ses produits.

La Gaspésie passe à la haute vitesse

De plus, grâce à un accès internet à haut débit, il peut gérer son entreprise à distance, à partir d'un fureteur web. «Je peux gérer mon personnel, mes ventes, même la fréquence d'irrigation de nos plants!» M. Côté est tellement convaincu des bénéfices de l'informatisation qu'il donne depuis quelque temps des conférences sur le sujet, en plus de partager le fruit de la recherche et développement faite par son entreprise avec d'autres PME, dans le cadre d'une entente avec l'Université Laval, à Québec.

Dans ce contexte, pas surprenant qu'il soit ravi de l'annonce faite, la semaine dernière, par le Conseil régional des élus de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. Le Conseil compte brancher toutes ses municipalités à internet haute vitesse d'ici la fin de 2008, grâce à une combinaison de fibre optique et de sans-fil.

«Il est grand temps que tout le territoire ait un accès haute vitesse, croit-il. C'est directement lié à la rentabilité des entreprises et de la région: ça aide à faire du commerce à l'extérieur de la région et à ramener de l'argent en Gaspésie.»