La blogosphère est en ébullition depuis la nomination à l'Elysée d'un chargé de mission sur Internet, qui fait l'objet d'un véritable «buzz», de nombreux internautes craignant une volonté de «surveiller» tout ce qui circule sur le web concernant Nicolas Sarkozy.

La blogosphère est en ébullition depuis la nomination à l'Elysée d'un chargé de mission sur Internet, qui fait l'objet d'un véritable «buzz», de nombreux internautes craignant une volonté de «surveiller» tout ce qui circule sur le web concernant Nicolas Sarkozy.

Nicolas Princen, jeune militant UMP de 24 ans, a été nommé lundi «chargé de mission au service Internet», auprès de Franck Louvrier, conseiller pour la presse et la communication, indique-t-on à l'Elysée.

Il sera «en charge de la veille de ce qui circule sur la toile au sujet du président de la République: blogs, sites d'information, vidéos... Comme on peut faire pour une revue de presse des médias traditionnels», explique-t-on.

Diplômé d'HEC et de l'Ecole normale supérieure, Nicolas Princen avait travaillé pour le site internet de la campagne du candidat Sarkozy. Depuis son élection, il avait intégré le porte-parola de l'Élysée.

Si la présidence de la République se défend de vouloir surveiller le web, l'arrivée de ce «Monsieur Internet» a aussitôt crée un «buzz» sur la toile, où elle fait beaucoup parler, plutôt en négatif.

«Ironie du sort, Nicolas Princen est chargé de surveiller les "buzz" autour de Sarkozy et il se retrouve lui-même au centre du buzz», relève Olivier Monnot, responsable éditorial de blogonautes.fr, qui traite de l'actualité de la blogosphère.

«L'oeil de Sarkozy sur le net», «KGB Web», «le petit flic de Sarkozy», «Big Brother»: sur les blogues, le site de socialisation Facebook, dans des vidéos de parodie mises en ligne sur Dailymotion, les termes employés sont très virulents.

Pour M. Monnot, «ce ton un peu excessif est lié à l'image de premier flic de France que traîne Sarkozy».

«Le bruit médiatique est important mais reste concentré dans des sphères de spécialistes globalement en opposition à Sarkozy, qui se sentent subitement observées», analyse de son côté Nicolas Vanbremeersch, initiateur du réseau de blogeurs politiques «La République des blogues».

«Tu dois savoir qu'il existe plusieurs milliers de blogues sur lesquels tu trouveras des choses désagréables sur Nicolas Sarkozy», écrit ainsi Luc Mandret, blogueur régulièrement cité par la presse, en s'adressant au nouveau venu à qui il souhaite «bien du courage».

Selon M. Vanbremeersch, pas moins de 10 000 billets sur le chef de l'État sont en effet postés chaque jour sur les blogs francophones, «dont 80% sont critiques».

La nomination de M. Princen suscite d'autant plus de grincements qu'elle intervient après plusieurs polémiques liées à la mise en ligne d'informations (affaire du SMS) ou de vidéos (Sarkozy au Salon de l'agriculture, etc.).

«Après une campagne très active sur internet, l'Elysée avait un peu déserté cet espace... C'est comme s'ils avaient pris tardivement conscience que le web était devenu un poil à gratter dans la communication présidentielle», souligne M. Vanbremeersch.

Pour autant, le fait de créer une veille n'est «pas choquant en soi», nuance M. Monnot.

«S'il elle sert de base pour intimider les blogeurs et museler la liberté d'expression, c'est problématique. En revanche s'il s'agit faire comme de nombreuses entreprises ou partis politiques une revue du web, c'est intéressant car c'est une forme de reconnaissance», estime-t-il.

Pour le journaliste Pierre Haski, du site d'information Rue 89, «la nomination de ce surdiplômé marque d'abord la reconnaissance par l'Elysée que ce qui se dit sur internet importe plus qu'on ne l'avait cru». Et d'ajouter: «il appartiendra à l'intéressé de dissiper par sa pratique» les soupçons dont il fait l'objet.