La blogosphère n'est pas à l'abri des firmes de relations publiques. Les experts en marketing ont vite compris le potentiel que les blogues représentent et tentent de les intégrer davantage dans leurs stratégies de communication. Internautes, ouvrez l'oeil...

La blogosphère n'est pas à l'abri des firmes de relations publiques. Les experts en marketing ont vite compris le potentiel que les blogues représentent et tentent de les intégrer davantage dans leurs stratégies de communication. Internautes, ouvrez l'oeil...

La firme de relations publiques Massy-Forget a tenté une opération qui a fait des remous dans la blogosphère cet automne. Elle a expédié à une quinzaine de blogueurs un aspirateur Dyson, afin qu'ils en fassent l'essai. Résultat : plusieurs l'ont effectivement utilisé et en ont parlé sur leur blogue. De façon ouverte... ou non.

«On traite les blogueurs comme des journalistes», explique Mylène Forget, présidente de la firme Massy-Forget. «On les approche en leur disant qu'ils n'ont aucune obligation et c'est à eux de décider s'ils veulent en parler ou non. C'est très efficace.»

Un des blogueurs qui a testé la balayeuse, se présentant sous le nom de Photomax, raconte par contre sur son site qu'on l'a contacté pour savoir s'il souhaitait «tester un produit de technologie en échange d'un texte».

Ce dernier n'a pas été impressionné par le nouvel aspirateur, ne se gênant pas pour écrire qu'il préfère de loin celui qu'il possède déjà.

Mais d'autres blogueurs ont été moins transparents. Sans mentionner qu'on l'avait approchée pour tester l'appareil, une blogueuse a plutôt choisi de raconter une de ses «soirées familiales». Après avoir apporté l'aspirateur en question chez sa mère, écrit-elle, la soirée s'est terminée par une séance de ménage collective, ses frères se chamaillant pour essayer le fameux aspirateur, charmés par son efficacité.

Le récit est ponctué d'hyperliens qui mènent vers le site de la compagnie Dyson.

D'autres blogueurs se sont insurgés de cette pratique, une fois le pot aux roses découvert.

C'est le cas notamment d'une femme utilisant le pseudonyme Noisette sociale, qui n'hésite pas à qualifier l'opération de «prostitution industrielle».

«Je n'ai rien contre des pubs sur une page de blogue, je sais que c'est une pub. J'ai rien contre une critique de produit. Même que j'aurais rien dit si l'auteure avait fait un billet sur le fait qu'une compagnie d'aspirateurs lui a offert un aspirateur gratuit afin qu'elle l'essaie et donne ses impressions sur sa satisfaction du produit, aussi exagérée soit-elle. (...) Ce genre de publicité hypocrite et même pas assumée dans ces blogues m'a vraiment déçue», écrit-elle sur son site.

C'est pourquoi l'expert en marketing Internet Michel Leblanc, lui-même blogueur, juge que l'opération n'est pas une réussite. «La firme aurait dû inciter les blogueurs à dire qu'il s'agissait de produits envoyés gratuitement pour faire des tests. Il faut être transparent quand on joue à ce jeu-là, sinon ça se revire vite contre nous.»

Moyens de communication

Peu importe les stratégies, les blogueurs devront s'y habituer puisque les démarches des relationnistes à l'endroit de la blogosphère sont appelées à se multiplier. Les «médias sociaux» comme les blogues et les sites de réseautage sont «des moyens potentiellement puissants de communication», mais «encore méconnus et trop peu utilisés au Québec», estime la Société des professionnels en relations publiques qui organise demain à Montréal un forum sur le sujet.

«C'est un outil qui a beaucoup de potentiel parce qu'il permet de cibler des publics très précis», explique Michelle Sullivan, elle-même blogueuse et consultante en relations publiques. Des blogues de tricoteuses à ceux d'amateurs de vins, il y en a pour tous les goûts.

En plus de participer au forum demain, Mme Sullivan démarrera en février un comité qui se rencontrera une fois par mois pour discuter de l'utilisation des médias sociaux dans les stratégies de marketing.

Pour Christian Désîlets, professeur en publicité sociale à l'Université Laval, l'engouement pour ces pratiques n'a rien de surprenant, au contraire. «Plus il y a des gens qui embarquent là-dedans, plus la blogosphère ressemble à la société en général et plus elle devient attrayante, dit-il. Avec Internet, chacun peut devenir un relayeur potentiel de messages publicitaires. Et ce qui étonne et choque beaucoup certains blogueurs plus puristes, c'est que les gens adorent devenir des marketeurs et avoir une influence sur l'avenir d'un produit, que ce soit pour le louanger ou le descendre en flèche.»

Du fric

Des blogueurs vont même jusqu'à contacter directement des agences de publicité afin de voir s'il n'y aurait pas un peu d'argent à faire derrière le clavier, ajoute M. Désîlets, qui était jusqu'en 2005 vice-président-directeur général chez Cossette Communication-Marketing.

Pour ce spécialiste, une certitude demeure : plus la blogosphère comptera de joueurs, plus les pratiques commerciales s'intensifieront. «Je ne vois pas comment on pourrait renverser le courant», dit-il.

«On traite les blogueurs comme des journalistes. On les approche en leur disant qu'ils n'ont aucune obligation et c'est à eux de décider s'ils veulent en parler ou non. C'est très efficace»

- Mylène Forget, présidente de la firme Massy-Forget

«C'est un outil qui a beaucoup de potentiel parce qu'il permet de cibler des publics très précis»

- Michelle Sullivan, blogueuse et consultante en relations publiques

«Plus il y a des gens qui embarquent là-dedans, plus la blogosphère ressemble à la société en général et plus elle devient attrayante»

- Christian Désîlets, professeur en publicité sociale à l'Université Laval

«On était d'accord avec une AP, mais la superficie est énorme. Le gouvernement libéral a bafoué le processus de consultation en cours en ce moment et la position de l'adjoint de M. Béchard et député de Portneuf, Jean-Pierre Soucy, qui l'a appris après l'annonce. C'est aberrant et incompréhensible.»

- Réjean Julien, Groupement forestier Portneuf

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