«Votre révolution de l'info.» À mi-chemin entre le blogue et le quotidien, Rue89.com affiche ses ambitions: faire dialoguer journalistes, experts et internautes. Ses instigateurs s'appellent Pierre Haski, Laurent Mauriac, Pascal Riche et Arnaud Aubron, des anciens de Libération qui ont pris la tangente web.

«Votre révolution de l'info.» À mi-chemin entre le blogue et le quotidien, Rue89.com affiche ses ambitions: faire dialoguer journalistes, experts et internautes. Ses instigateurs s'appellent Pierre Haski, Laurent Mauriac, Pascal Riche et Arnaud Aubron, des anciens de Libération qui ont pris la tangente web.

Rue89.com a fait une entrée fracassante sur la toile. Deux semaines après sa naissance, le site Internet se fendait même de son premier scoop, révélant dans un même article que Cécilia Sarkozy n'avait pas voté, et que la nouvelle avait été censurée par le propriétaire d'un grand quotidien.

«Depuis que l'on a appuyé sur le bouton départ, c'est une déferlante absolue, confirme Pierre Haski, joint aux locaux de Rue89, installés dans sa cuisine. En moins de trois jours, on eu plusieurs milliers de messages proposant des articles, des correspondances.»

Avec Rue89.com, les journalistes espèrent mettre en branle une nouvelle forme de journalisme, le journalisme à trois voix. «Il y a un débat depuis plusieurs années. D'un côté, les journalistes professionnels qui sont une citadelle assiégée. De l'autre, la recherche d'informations et de prise de parole a été prise par les non-journalistes», analyse-t-il.

Le site ouvre donc ses colonnes aux journalistes professionnels, aux experts et, enfin, aux internautes. «C'est une expérience que nous (Laurent Mauriac, Pascal Riche, Pierre Haski, ex-correspondants pour Libération) avons connu par nos blogues. Ce n'est plus un rapport vertical entre le journaliste et le lecteur, mais horizontal: le lecteur enrichit, conteste ou commente l'information», dit Pierre Haski.

Depuis plusieurs années, les pères fondateurs de Rue89.com sentaient le vent tourner en faveur de l'internet. «Quand les gens ouvrent un quotidien, ils savent déjà tout. C'est un peu là où le monde journalistique a rencontré une vraie limite», note Pierre Haski.

Les journalistes ont profité d'un plan de départ de Libé pour se lancer à temps plein dans leur site, qu'ils ont également financé. «Pour l'instant, le site n'est fait que par des bénévoles. Dans un deuxième temps, nous espérons normaliser son fonctionnement», prévoit Pierre Haski.

Avec des titres colorés, le ton de Rue89.com a de quoi effaroucher le lecteur nord-américain. Pourtant, le site ne revendique aucune étiquette - «On veut créer un site ouvert, accessible à tous» -, pas plus qu'il ne prétend à la neutralité. «En France, c'est difficile d'être neutre. En plus, nous venons de Libération. Nous avons un ADN de Libération», estime le journaliste.

Côté actu, l'équipe de Rue89.com espère sortir des sentiers battus de l'information et d'explorer d'autres avenues que les conférences de presse. «L'idée n'est pas de courir derrière l'actualité. C'est une denrée accessible à tous, rappelle Pierre Haski. Notre idée, c'est de sortir des infos significatives et de mettre en oeuvre les trois cercles.»

L'initiative des fondateurs de Rue89.com n'est pas sans rappeler des sites tels que The Politico, fondé par des anciens journalistes du Washington Post, et Newassignment, un site internet américain où les internautes collaborent avec des journalistes professionnels.

Si la tendance au journalisme participatif est bien là, Pierre Haski se refuse à parler de révolution médiatique. «On reste modestes, vous savez. On est 10 personnes dans une cuisine, à bricoler un site. Même si on a eu un impact à nos débuts, il faut qu'on fasse nos preuves», estime le journaliste.

Sur internet:

www.newassignment.net

www.rue89.com

www.capitolleader.com