Les autorités américaines ont décidé d'intensifier la lutte contre le jeu sur Internet en inculpant cette semaine plusieurs personnes mais les partisans de la légalisation de cette activité n'entendent pas baisser les bras.

Les autorités américaines ont décidé d'intensifier la lutte contre le jeu sur Internet en inculpant cette semaine plusieurs personnes mais les partisans de la légalisation de cette activité n'entendent pas baisser les bras.

Onze personnes, dont le PDG britannique de la société BetOnSports David Carruthers, ont été inculpées lundi pour avoir enfreint la loi sur l'interdiction des jeux sur Internet. Ces personnes et BetOnSports sont accusés d'avoir accepté illégalement de prendre des paris sur Internet et de ne pas avoir acquitté d'impôts sur quelque 3,3 milliards de dollars de mises placées aux États-Unis.

Cinq des inculpés ont été arrêtés, dont David Carruthers alors qu'il faisait escale à l'aéroport de Dallas-Fort Worth.

Selon les experts du secteur, il s'agit de l'offensive la plus marquée lancée contre le jeu sur l'Internet par les autorités américaines qui considèrent cette activité comme illégale.

Mais ils notent que les autorités américaines exploitent pour ce faire une loi qui déclare hors la loi les paris sur l'Internet mais n'est pas aussi claire en ce qui concerne d'autre jeux, comme les loteries.

«Des loi fédérales et d'autres adoptées par les Etats donnent beaucoup de marges pour des interprétations différentes,» souligne Ben Macklin, analyste pour la firme eMarketer.

«Le ministère de la Justice dit que toutes les formes de jeux sur Internet sont interdites mais la plupart des experts juridiques diront qu'il a tort», estime pour sa part Joseph Kelly, un professeur de droit au New York College de Buffalo.

Joseph Kelly a notamment conseillé les autorités d'Antigua-Barbuda, où sont installées de nombreuses sociétés de jeux sur l'Internet. Ces petites îles des Caraïbes ont déposé plainte devant l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) contre l'interdiction édictée par les États-Unis.

M. Kelly s'étonne notamment d'une récente loi adoptée par la Chambre des représentants américaine affirmant à nouveau que ces activités étaient illégales. «Pourquoi le Congrès voudrait-il rendre quelque chose illégal si cela l'est déjà?», s'interroge-t-il.

Selon certaines estimations, les activités de jeux sur l'Internet représentent 12 milliards de dollars par an dans le monde entier dont près de la moitié sont dépensés par des résidents américains.

«Je conseillerais aux gens qui sont impliqués dans ces activités de ne pas venir aux États-Unis, même si ce n'est que pour y changer d'avion», souligne Joseph Kelly après les récentes interpellations.

Selon certains observateurs, les autorités américaines pourraient maintenant s'en prendre au milliardaire d'origine canadienne Calvin Ayre, fondateur du site de jeux en ligne Bodog.com et classé à la 746e place des personnes les plus riches du monde par le magazine Forbes.

Calvin Ayre a toutefois indiqué sur le site Eye on Gambling (eog.com) qu'il avait l'intention de participer à une conférence à Las Vegas, la capitale du jeu américaine, la semaine prochaine.

«La meilleure façon de protéger le consommateur est de réglementer et d'accorder des licences», estime Keith Furlong, vice-président du Interactive Gaming Council, un groupe basé au Canada et qui représente l'industrie du secteur.

L'interdiction américaine «porte tort aux entreprises les plus sérieuses», ajoute-t-il.

Un responsable de eog.com, Joe Duffy, préfère lui ironiser: «Les États-Unis ne captureront jamais Oussama ben Laden mais ils ont attrapé un gros poisson, David Carruthers, PDG du groupe terroriste auparavant inconnu BetOnSports», écrit-il.