La firme américaine Napster se lance à nouveau dans la musique en ligne gratuite, misant sur la notoriété de sa marque auprès des internautes même si les temps ont changé.

La firme américaine Napster se lance à nouveau dans la musique en ligne gratuite, misant sur la notoriété de sa marque auprès des internautes même si les temps ont changé.

Le service, apparu sur le web en 1999, avait attiré au faîte de sa popularité plus de 70 millions d'internautes téléchargeant gratuitement.

Devenu l'ennemi numéro un de l'industrie du disque qui lui reprochait de contribuer au pillage des oeuvres de ses artistes, il avait été fermé sur ordre de la justice américaine en 2001.

Selon les analystes, le retour de Napster avec une offre musicale gratuite est le signe que les rivaux d'Apple cherchent de nouvelles stratégies pour tenter de bousculer la domination de ce dernier sur le secteur depuis trois ans, avec le tandem iTunes-iPod.

En lançant un nouveau service financé par la publicité, Napster «devient le premier service de musique numérique légal à offrir aux fans de musique d'écouter gratuitement, à la carte, plus de deux millions de titres des catalogues des +majors+ de disques et de labels indépendants», selon un communiqué.

Le principe veut que les usagers aient la possibilité d'écouter une même chanson cinq fois avant d'être incités à payer 99 cents pour la télécharger, ou puissent s'offrir un accès illimité au catalogue moyennant un abonnement mensuel d'environ 10 dollars.

Les chansons peuvent s'écouter selon le mode du «streaming», c'est-à-dire qu'elles ne transitent pas par le disque dur de l'ordinateur et ne peuvent pas être transférées sur un autre appareil.

Seule l'offre «Napster To Go» permet à ses abonnés de profiter de leur musique sur un baladeur MP3 compatible avec les normes de lecture utilisées par le site, mais pas sur un iPod.

Après la fermeture du Napster première génération, celui de l'enfant terrible Shawn Fanning, la marque avait été rachetée par l'éditeur de logiciels Roxio puis elle était réapparue comme service payant en 2003. Un an plus tard, l'éditeur s'est rebaptisé lui-même Napster en lâchant ses logiciels pour se consacrer uniquement à la musique en ligne.

Le nouveau service a réussi à réunir quelque 500 000 abonnés mais va mal financièrement. Lors du dernier trimestre, la firme a creusé sa perte nette à 16,7 millions de dollars contre une perte de 14,9 millions sur la même période il y a un an.

Selon Ted Schadler, du cabinet d'études Forrester Research, le nouveau portail Napster.com «ne va pas résoudre les problèmes». Les services fonctionnant par abonnement «sont davantage comparables à de la radio (..) personne ne veut payer pour écouter la radio», lance-t-il.

«C'est un modèle nouveau», renchérit Mike McGuire, de Gartner. Selon lui, la grande difficulté est qu'Apple a désormais habitué les gens à posséder la musique, alors que l'abonnement est davantage comparable à une location, les chansons ne peuvent plus être écoutées s'il n'est pas renouvelé.

Gene Munster, de la banque Piper Jaffray, est plus optimiste, estimant que Napster.com va devenir un lieu de rassemblement pour les fans de musique.

«Les auditeurs pourront commencer par y écouter des chansons gratuitement, faire des recommandations, publier des critiques, proposer des liens renvoyant sur le site et finir par s'abonner s'ils veulent emmener la musique avec eux», estime l'analyste.

Selon les experts, Apple détient avec le site iTunes au moins les deux tiers du marché mondial du téléchargement à l'unité et les rivaux parmi lesquels Napster, RealNetworks ou Wal-Mart aux États-Unis se partagent le reste.