On ne veut pas toujours savoir ce que contiennent nos friandises préférées, mais la recette de Candy Crush Saga, elle, a été étudiée de fond en comble par des rivaux souhaitant s'en inspirer.

La Presse a interrogé Jimmy Gendron, ancien producteur exécutif de jeux mobiles comme Scrabble chez EA Mobile, et Alain Tascan, PDG de l'éditeur de jeux mobiles Sava Transmédia, qui a notamment publié Flip Chip Poker, un jeu similaire à Candy Crush, pour identifier les clés du succès de la vache à lait de l'éditeur King.

Une mécanique de jeu connue

Le coeur de Candy Crush n'a rien d'original, rappelle Alain Tascan. L'idée d'aligner des pièces similaires pour les faire disparaître a surtout été popularisée par Bejeweled.

«Cette mécanique, que l'on appelle Match 3, existe depuis 20-25 ans», rappelle pour sa part Jimmy Gendron. Mais elle est très simple et connue, elle permet d'installer facilement des niveaux de progression et «on est pratiquement dans un état de transe quand on y est concentré». Qui plus est, elle permet des parties rapides, un facteur important pour les jeux mobiles.

Un environnement confortable

Le choix d'utiliser des bonbons comme pièces de jeu n'est pas anodin, croient nos deux experts.

«C'est une direction artistique accessible», résume M. Gendron.

«Ça met le joueur à l'aise, ça le fait se sentir bien, ajoute M. Tascan. Ça appelle un patron de reconnaissance qui fonctionne bien. Même le choix des mots, comme Sweet ou Delicious, est propice.»

Des niveaux sous forme de carte

Le détail peut paraître anodin, mais nos deux experts, consultés séparément, s'entendent: LA raison principale qui a permis à Candy Crush de se distinguer est l'idée de visualiser la progression du joueur sur une carte qui intègre également les amis.

«Ce sont les premiers à avoir fait ça sur un jeu grand public, note M. Tascan. C'est leur invention.»

«Tu vois où sont tes amis sur la carte, ça crée une compétition», affirme M. Gendron. «La pression des pairs est forte, ajoute M. Tascan. Quand tu vois tes amis devant toi, tu as envie de passer devant.»

Une monétisation simple

Candy Crush utilise le modèle «free to play». On peut y jouer gratuitement, mais on peut aussi dépenser pour s'aider à mieux réussir. La formule est de plus en plus populaire, mais elle nécessite tout un travail d'équilibriste de la part des concepteurs, qui doivent inciter le joueur à dépenser sans qu'il ne se sente pour autant harcelé.

Candy Crush a, semble-t-il, trouvé l'équilibre parfait en éliminant la devise virtuelle qui sert généralement d'intermédiaire entre les vrais dollars et les objets vendus.

«C'est bien beau d'avoir des millions d'utilisateurs, mais il faut les traduire en dollars, explique M. Gendron. Candy Crush n'a pas de concept complexe avec une monnaie virtuelle. Tout est simple, la valeur de chaque item est claire.»

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CANDY CRUSH DANS LE MONDE

Téléchargements du jeu: 500 millions

> Utilisateurs quotidiens: 98 millions

> Profits: 568 millions en 2013

> Marge de profit: 30%