Difficile de prédire quand les premières voitures pleinement autonomes circuleront sur nos routes, mais les villes doivent se préparer dès maintenant à leur arrivée. C'est le message lancé par l'administration Obama, pour qui les voitures autonomes représentent l'avenir des villes intelligentes.

Le secrétaire américain aux Transports, Anthony Foxx, était au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas la semaine dernière pour constater les plus récentes avancées dans la mise au point des automobiles se conduisant toutes seules. Il en a profité pour présenter les détails du défi lancé aux villes par l'administration Obama afin de trouver comment intégrer les systèmes intelligents, notamment les voitures autonomes.

L'administration Obama a présenté récemment le Smart City Challenge, qui offrira 40 millions à une ville qui sera choisie en juin pour réaliser sa vision de l'avenir des transports. L'entreprise Vulcan donnera de son côté 10 millions supplémentaires... à condition que la gagnante utilise ses services.

En plus de remporter une cagnotte intéressante, la ville choisie deviendra une vitrine nationale. Le gouvernement américain compte utiliser les leçons tirées de cette expérience pour améliorer les transports ailleurs au pays. « La ville gagnante aura la chance de définir ce que veut dire être une "ville intelligente". On entend souvent cette expression, mais ça peut vouloir dire beaucoup de choses. Ce que nous voulons, c'est y donner un sens. Que ce ne soit pas seulement une image, mais quelque chose de concret », a souligné Anthony Foxx.

Le programme ne vise pas les grandes villes comme New York, Chicago ou Los Angeles, qui ont d'importants moyens financiers. Il s'adresse plutôt à celles de taille moyenne, soit de 200 000 à 850 000 habitants, et dont les ressources sont souvent plus limitées, comme Detroit, San Francisco, Las Vegas ou encore Pittsburgh.

LE STATIONNEMENT AUTONOME D'ABORD

Le PDG de Bosch, Volkmar Denner, croit qu'il faudra être patient avant de voir les voitures pleinement autonomes sillonner les rues des villes. « Dans les conditions complexes de conduite des villes, je ne pense pas qu'on va voir cela durant cette décennie. Peut-être durant la prochaine ou dans les années 2030, c'est difficile à prédire », a-t-il dit lors d'une conférence au CES.

L'entreprise allemande, qui fournit des équipements à plusieurs constructeurs automobiles, dit toutefois que les villes doivent se préparer à voir des voitures semi-autonomes arriver rapidement. M. Denner a souligné que, pour le moment, les voitures autonomes ont besoin de deux conditions pour rouler de façon sécuritaire : une basse vitesse et un environnement contrôlé. « Où sont réunies ces conditions aujourd'hui ? Dans les stationnements. C'est pourquoi nous pensons que la conduite pleinement autonome dans les stationnements va arriver très rapidement », a-t-il anticipé.

En fait, la société Bosch a annoncé qu'elle travaillait à commercialiser un tel système dès 2018. Et au rythme où vont les choses, elle pense mettre sur le marché un système de conduite autonome sur les autoroutes vers 2020. Mais pour la conduite en ville, il faudra encore attendre.

APPRENDRE DU CAS UBER

Les villes ne sont pas les seules à devoir s'adapter, a reconnu le secrétaire américain aux Transports. L'arrivée des nouvelles technologies promet de bouleverser les modèles en place, notamment celui du propriétaire unique. L'arrivée des voitures autonomes pose en effet la question : demain, serons-nous encore propriétaire de notre véhicule ou vaudrait-il mieux partager ces véhicules pour maximiser leur utilisation et, du coup, en réduire le nombre ?

Anthony Foxx a d'ailleurs estimé que les tensions entourant l'implantation des nouveaux services comme Uber ne représentent qu'une première vague et que d'autres bouleversements sont à prévoir. Il a indiqué que le département des Transports devrait accélérer l'évaluation des nouvelles technologies pour éviter d'être dépassé par les progrès de la science. « Nous ne voulons pas nous retrouver dans une position où une technologie arrive et que ça nous prend quatre ans pour l'évaluer. Parce que pendant ce temps, nous savons qu'elle aura évolué et que deux autres générations auront vu le jour. Nous devons bouger plus rapidement. »