Le géant de l'électronique japonais Sony a insisté mercredi sur sa volonté de privilégier la rentabilité durable sur la quête des parts de marché en volume, en concentrant ses forces sur les domaines les plus porteurs et réduisant les risques encourus sur les activités les plus volatiles.

Le groupe va en outre progressivement placer dans des sociétés à part une partie de ses grandes divisions, à commencer par celles des produits audio et vidéo, sur le modèle de ce qui a été précédemment fait pour les télévisions.

Sur la base d'un nouveau plan stratégique sur trois ans, le groupe vise un bénéfice d'exploitation de plus de 500 milliards de yens (3,7 milliards d'euros) pour l'exercice 2017-2018. Par comparaison, pour l'année qui s'achèvera en mars, le groupe n'escompte qu'un gain opérationnel de 20 milliards de yens.

«Les composants, les jeux, la musique et le cinéma deviendront les moteurs de la croissance des revenus et profits», a expliqué le patron du groupe, Kazuo Hirai, lors d'une conférence de presse à Tokyo.

«Sony souhaite doper sa compétitivité dans le domaine des capteurs CMOS (utilisés dans les appareils photo, téléphones, tablettes etc.) en investissant encore dans ses capacités de production et en renforçant la recherche» pour leur trouver de nouveaux débouchés, a détaillé le patron.

«Concernant les jeux et services en ligne, le but est d'élargir encore la base d'utilisateurs des plateformes PlayStation et du réseau de contenus et prestations PlayStation Network», a-t-il poursuivi.

Sony veut aussi tirer meilleur parti de ses contenus télé et cinématographique «en augmentant ses canaux de diffusion et renforçant sa production pour la télévision».

Idem pour la musique avec un accent mis sur la diffusion en flux («streaming») en partenariat avec Spotify, «en prenant le meilleur des deux entreprises».

Ces activités bénéficieront dès lors d'investissements importants pour soutenir leur expansion, a promis M. Hirai.

Limiter les risques concurrentiels

Les bénéfices des divisions les plus soumises à une concurrence féroce, comme les mobiles et TV, devraient aussi augmenter, mais les ventes baisser car Sony entend concentrer son offre sur les produits et les marchés où la rentabilité pourra être atteinte et conservée.

Dans ces domaines, le haut de gamme sera privilégié et les investissements limités.

«Nous allons aussi explorer les possibilités d'alliances en fonction des changements de l'environnement», a précisé M. Hirai.

Enfin, dans les activités comme la photo ou l'audio, «Sony espère enregistrer des profits stables et dégager des flux de liquidités sans pour autant investir massivement», même si le groupe n'escompte pas d'envolée spectaculaire des ventes.

Là encore, c'est une concentration de l'offre sur les produits les plus porteurs d'avenir et se distinguant le mieux du lot qui devrait être mise en avant. Dans le secteur de la photo, il s'agit par exemple des appareils reflex sans miroir (ou hybrides) et dans l'audio des baladeurs Walkman, amplificateurs, casques et écouteurs de type «high resolution audio», une qualité supérieure au CD promue depuis deux ans par Sony avec un certain succès, notamment au Japon.

Division en entités plus autonomes

«Nous devons renforcer les activités aux revenus récurrents afin de générer des profits durablement élevés», a insisté M. Hirai.

Ce dernier, qui a pris d'importantes décisions de restructuration ces dernières années en plaçant les télés dans une société à part, en réduisant de 30% d'ici à 2016 les effectifs de la filiale Sony Mobile Communications et en vendant la division des PC Vaio, a en outre fait part d'une réorganisation structurelle.

Il s'agit de redistribuer les rôles de direction dans le groupe pour accélérer les décisions, avec des hommes-clefs comme Andrew House à la tête de l'activité des jeux et services en réseau ou Toru Katsumoto pour l'entité médicale, dont Sony fait aussi un nouveau vecteur de développement.

Ainsi les différentes activités seront placées dans des entités plus autonomes et certaines seront même détachées. Ce sera le cas de l'audio-vidéo qui deviendra une société filiale à part entière. D'autres suivront.

Le groupe, qui a vécu de dures années depuis la crise financière de 2007-2008, espère enfin revenir sur la trajectoire d'une expansion forte soutenue par des produits clairement identifiés comme se démarquant de ceux des concurrents que sont entre autres les coréens Samsung Electronics et LG ou l'américain Apple.