Au tournant du millénaire, l'internet promettait d'être omniprésent: pas seulement dans tous les foyers de la planète, mais aussi dans nos électroménagers, dans nos poches et même dans nos voitures. Une promesse qui pourra être tenue grâce à la technologie sans fil actuellement déployée au Canada, promet le futuriste des technologies Robert Switzman.

Futuriste, car son titre officiel, chez le géant canadien des télécommunications Rogers, est directeur senior des secteurs émergents. Autrement dit, c'est lui qui détermine comment les nouvelles technologies pourront s'insérer dans le quotidien des consommateurs de façon durable. Son constat: nous vivons une importante transformation de la façon dont l'internet est utilisé au pays.

«Nous vivons un moment charnière. Le réseau internet est de moins en moins une destination en soi, devenant davantage un composant d'expériences plus globales. Ce que nous prédisions dans les années 90 est en train d'arriver, enfin», remarque-t-il.

Un facteur déterminant de ce changement: la prolifération des téléphones intelligents et de l'internet mobile, qui ont haché menu l'internet pour en faire des centaines de milliers de petites applications distinctes les unes des autres: échanger des photos, jouer à des jeux, comparer les prix entre différents magasins, trouver des recettes sur le pouce, etc.

«Aujourd'hui, tout le monde au Canada qui voulait un sans-fil a un sans-fil. La prochaine étape sera donc d'adopter d'autres formes de technologies sans fil. La surveillance de sa maison avec alertes et vidéo en direct, le suivi médical en temps réel, le passage de la sécurité pour accéder au bureau, etc. Une nouvelle vague d'applications pour les activités de ce genre verra le jour sous peu grâce au sans-fil.»

Les statistiques semblent appuyer cette théorie: d'ici 2020, l'équipementier Ericsson prévoit que 50 milliards d'appareils domestiques seront branchés à l'internet à l'échelle mondiale, soit cinq appareils par personne, en moyenne.

Prochaine étape: le portefeuille

Des exemples commencent d'ailleurs à voir le jour: des réfrigérateurs pouvant vous alerter à distance si la porte est mal fermée sont d'ores et déjà mis en marché par les fabricants les plus connus. Des sécheuses donnant le détail de leur cycle en cours par WiFi aussi.

Il y a un objet qui risque toutefois de connaître une transformation plus profonde que celles-là, au fil des prochains mois: le portefeuille. La génération de réseaux mobiles actuellement déployée au Canada comprend les outils nécessaires pour que le portefeuille électronique voie enfin le jour.

Celui-ci permettra de payer en présentant son téléphone intelligent à un scanneur situé près de la caisse, dans les commerces qui adopteront cette technologie. De grandes chaînes de détail comme Esso ou Starbucks, notamment, offrent déjà une telle solution, mais ce n'est qu'un début.

En fait, plusieurs dizaines de milliers de Canadiens ont déjà dans leurs poches un téléphone leur permettant de payer sans fil. Le Galaxy Nexus, un téléphone à système Android vendu par la plupart des fournisseurs canadiens, est prêt. Google, qui a conçu ce téléphone, souhaite faire la promotion de cette solution de paiement.

Les chances de percer le marché sont bonnes: après tout, le système Android est le plus répandu au Canada (comme dans plusieurs autres marchés, d'ailleurs).

L'iPhone, qui est son plus sérieux concurrent, arrive deuxième, et Apple aussi serait sur le point d'offrir sa propre solution. Les employés du campus de Cupertino d'Apple sont en train d'essayer une application de paiement mobile qui, si elle s'avère satisfaisante, sera graduellement offerte aux autres utilisateurs de iPhone.

Le portefeuille électronique pourrait donc rapidement changer les habitudes des consommateurs. Celui des fournisseurs également.

«Ce n'est pas seulement la façon dont on magasine qui changera. C'est le modèle d'affaires du sans-fil en entier qui devra être revu afin de laisser ces nouvelles technologies émerger», conclut M. Switzman.

Sinon, ce sera un retour aux années 90. Technologiquement parlant, aussi bien parler de l'ancien temps.