La tablette iPad, dans sa troisième version, sera mercredi la vedette du plus gros événement médiatique organisé par Apple depuis le décès de son légendaire patron fondateur Steve Jobs.

Seul indice avant l'événement, dont les détails sont comme à l'habitude jalousement gardés: l'invitation à se rendre dans un théâtre de San Francisco porte l'image d'un écran tactile d'iPad.

«Tous les indices laissent attendre une nouvelle version de l'iPad», déclare à l'AFP Michael Gartenberg, analyste au cabinet Gartner.

Les informations qui ont pu filtrer avant l'événement laissent attendre un écran d'encore meilleure définition que celui de l'iPad 2, proche de celui du téléphone iPhone 4S, un processeur plus rapide, et peut-être une caméra améliorée.

Certaines rumeurs évoquent aussi la migration sur l'iPad de l'assistant par commande vocale Siri, qui avait fait sensation lors du lancement de l'iPhone 4S à l'automne.

Et alors que des tablettes bien moins chères que l'iPad, dont le prix d'entrée est de 500 dollars, ont réussi à se faire une place sur le marché, l'analyste indépendant Rob Enderle spécule sur la sortie d'un modèle meilleur marché, peut-être dans un format plus petit que l'iPad actuel, qui permettrait à Apple de mieux défendre ses parts de marché par rapport à des concurrents comme Amazon avec sa tablette Kindle Fire.

Enfin, après des années de progrès dans l'intégration toujours plus poussée entre internet et la télévision, Apple pourrait présenter sa dernière tentative pour s'implanter sur ce segment.

Beaucoup s'intéresseront à l'apparence des nouveaux appareils, mais Gartner prévoit aussi de prêter une grande attention aux services et logiciels qui permettent aux appareils Apple de séduire les technophiles les plus passionnés.

«Il y a sur le marché de superbes tablettes sous Android (ndlr: le système conçu par Google), du côté matériel, mais elles ne se vendent pas bien, faute d'avoir l'écosystème d'Apple», souligne un autre analyste de Gartner, Van Baker, évoquant le foisonnement d'applications et de programmes accessibles sur les appareils Apple.

La qualité de la présentation du directeur général Tim Cook, qui sera pour la première fois maître de cérémonie au «Yerba Buena Theatre», sera aussi suivie de près. En octobre, avant le décès de Steve Jobs, c'est lui qui avait présenté l'iPhone 4S, mais il était resté relativement en retrait.

Steve Jobs, lui, était connu pour son sens du spectacle, et avait un talent sans pareil pour convaincre son auditoire des qualités «magiques» de ses appareils. «C'était du marketing éblouissant», se souvient M. Baker.

M. Cook, connu pour sa gestion très rigoureuse des processus de fabrication d'Apple, n'a pas jusqu'à présent fait preuve des talents de mise en scène de son prédécesseur.

«Apple fonctionne encore avec la croyance erronée qu'il n'a pas besoin de remplacer Steve», note M. Enderle. Mais «il avait la capacité de faire preuve de magie, et Apple a perdu cela», selon lui.

«Apple va descendre de son sommet», prédit-il, même si «cela va prendre un certain temps».

Dans l'immédiat, M. Enderle ne doute pas qu'Apple continuera à vendre tous les iPad qu'il fabriquera, et qu'une nouvelle fois les foules se presseront en magasins pour acheter les nouveaux appareils de la marque à la pomme croquée.

Pour présenter les produits à la presse cependant, peut-être que d'autres que le patron, par exemple le responsable des logiciels Scott Forstall ou le responsable du design Jonathan Ive, assumeront le rôle de maître de cérémonie.

«Est-ce qu'il faut encore à Apple quelqu'un au sommet qui arrive à susciter l'enthousiasme pour des choses qui ne sont en fin de compte pas tellement enthousiasmantes? la réponse est oui», déclare M. Baker.

Mercredi, «Je serai à la recherche de cette étincelle, de cette magie: est-ce qu'elle sera là? qui la déclenchera?».