Quand Apple a lancé son révolutionnaire iPad il y a cinq ans, la docteure Wendy Graham s'est mise à rêver des possibilités qu'offrirait l'appareil dans le secteur des soins de santé.

Puis, des années se sont écoulées sans progrès important quant à l'utilisation des «téléphones intelligents» par les médecins et leurs patients.

Mme Graham a donc commencé à imaginer ce à quoi ressemblerait l'application idéale, en s'inspirant de 30 années passées dans les hôpitaux. Ces idées ont donné naissance à «Mihealth», un des tout premiers logiciels à être accrédités par Inforoute Santé du Canada, une agence indépendante financée par le gouvernement fédéral.

Officieusement, «Mi» réfère à «mission impossible», ce qui témoigne de la perception qu'avait jadis Mme Graham d'une offre de soins numériques au Canada.

Son application - qui fonctionne sur les iPhones, les Blackberry et les téléphones Android et Microsoft - permet aux patients d'avoir avec eux, en tout temps, une copie de leur dossier médical, de manière à ce qu'il soit rapidement disponible aux professionnels de la santé en cas d'urgence. Elle permet aussi aux patients de communiquer électroniquement avec leur médecin plutôt que par téléphone.

Quand Mme Graham a entamé les «tests beta» de son logiciel en 2009, elle n'a eu besoin que de 48 heures pour recruter plus d'une centaine de patients heureux de servir de cobayes.

«Nous avons découvert qu'il y avait un grand intérêt de la part des consommateurs d'avoir une autre relation avec leur médecin, qui permet un échange de messages sécurisés avec la clinique et le médecin, a-t-elle dit. Deuxièmement, les patients veulent avoir à la portée de la main des informations importantes, pour pouvoir les partager avec ceux qui les soignent ou qui soignent leurs proches.»

L'année qui commence pourrait voir certaines percées dans le domaine des soins de santé électroniques, mais compte tenu du temps nécessaire pour que les nouvelles technologies soient testées, approuvées et adoptées par la communauté médicale, il faudra probablement attendre 2013 avant de constater des progrès d'envergure.

«En matière de soins de santé, les Canadiens priorisent une meilleure accessibilité, et nous nous trouvons actuellement dans une ère technologique qui permet l'utilisation de (nouveaux) outils pour améliorer cette accessibilité, a dit le président et chef de la direction d'Inforoute Santé du Canada, Richard Alvarez. Mais actuellement, nous nous efforçons surtout de démontrer la pertinence et l'accessibilité (des outils) - il y a encore des problèmes à surmonter.»

À ce jour, Inforoute n'a accrédité que deux logiciels qui répondent à ses normes de confidentialité, de sécurité et de compatibilité - Mihealth et une plateforme développée par Telus. Cette dernière est actuellement mise à l'essai, principalement au Québec et en Colombie-Britannique. En ce qui concerne Mihealth, la docteure Graham s'affaire actuellement à recruter des médecins avant de l'offrir au grand public.

M. Alvarez prévient toutefois que certains problèmes devront encore être résolus avant que la «santé numérique» ne devienne une pratique courante à travers le pays.

«On ne peut pas donner aux patients accès à des dossiers qui n'ont pas encore été numérisés, donc il faut commencer par là, a-t-il expliqué. Et il y a des questions de compensation réglementaire et de mesures incitatives qui devront être surmontées avant que ces applications ne soient répandues.»