Sa Mercedes SL55 gris métallique est toujours là, stationnée sous un grand chêne, les plaques minéralogiques absentes-- l'un des rares caprices publics de Steve Jobs.

Le long du trottoir, des dizaines de gerbes de fleurs s'empilent, arrosés par une averse intermittente qui fait apparaître les capuchons des caméramans et disparaitre les journalistes dans leurs voitures.

Depuis le décès de Steve Jobs, mercredi, sa demeure est devenue un point de ralliement non officiel pour le public. Hier, la jolie maison, située dans un quartier cossu de Palo Alto, semblait vide. Les rideaux étaient tirés.

Près de la petite clôture de bois qui entoure la propriété, Aaron Brown lisait les notes laissées par les gens venus honorer la mémoire de Jobs. Sur l'une d'elles, on pouvait lire « Steve, bien des gens ont voulu t'imiter, mais tu n'as jamais été dupliqué. »

« C'est touchant de voir les gens réagir aussi vivement au décès de Steve Jobs, dit M. Brown. C'est un homme qui a marqué son époque. »

M. Brown habite dans la ville voisine de Menlo Park. À l'école secondaire, il a été de la même cohorte que Larry Page, le cofondateur de Google. Aujourd'hui, il travaille en marketing, et considère Jobs comme un « génie de la vente ».

« Au delà de la technologie, il était un entrepreneur hors pair qui respirait et vivait au rythme de ses produits. On sentait que c'était sa passion. Il me fait l'effet d'un type qui se réveillait la nuit pour noter une idée. Je suis venu aujourd'hui parce qu'il m'a touché, moi aussi. »

Tout près, Brian Gill et son ami Jeffrey Lu prenaient des photos des bouquets, des notes et même d'un iPod laissés devant la maison par des admirateurs.

« Tout le monde savait qu'il habitait ici, mais les gens respectaient sa vie privée, dit M. Gill. Sa maison était vraiment populaire à l'Halloween. Il était généreux, et bien des gens venaient de loin pour sonner à sa porte. »

Âgés de 17 ans tous les deux,  ils fréquentent l'école secondaire de Palo Alto, tout près d'ici, école que Steve Jobs a lui-même fréquentée, au début des années 70.

Fréquenter la même école que Jobs leur donne l'impression de vivre un peu du rêve d'Apple, petite entreprise devenue une multinationale connue à travers le globe.

« À l'école, tout le monde a des iPhone, des iPad, etc, dit M. Lu. Steve Jobs est très admiré. Il avait la capacité de savoir ce que les gens voulaient avant même qu'ils ne le sachent eux-mêmes. Je veux travailler en technologie, alors Steve Jobs est un modèle pour moi. »

M. Gill pointe les plates-bandes de la demeure de Steve Jobs. Elles sont remplies de fleurs.

« Il a fait refaire l'aménagement récemment, dit-il. Je trouve que sa maison est très jolie. »

Au milieu du terrain, deux pommiers étendent leurs branches magnifiques, lourdes de dizaines de pommes vertes que la pluie d'octobre fait briller.