Les groupes d'électronique rivaux japonais Sony, Toshiba et Hitachi ont annoncé mercredi le rapprochement l'an prochain de leurs activités de petits et moyens écrans destinés aux appareils nomades, afin que les industriels nippons restent les champions du monde dans ce domaine.

Les trois firmes, qui ambitionnent de devenir numéro un du secteur, ont signé une lettre-accord et espèrent conclure un contrat définitif à la fin de l'année pour constituer une société commune d'ici au printemps 2012, sous réserve de l'approbation des autorités de la concurrence.

La nouvelle entité aura pour principal actionnaire un fonds public-privé japonais, Innovation Network Corporation of Japan (INCJ).

Tous les actifs des filiales de petits et moyens écrans des trois groupes, (à savoir Hitachi Displays, Sony Mobile Display et Toshiba Mobile Display) seront transférés à la nouvelle société.

«Le marché des petits écrans devrait croître au rythme de 21% par an dans les prochaines années pour atteindre 4200 milliards de yens (54 milliards de dollars) en 2015, contre 1600 milliards de yens en 2010», a expliqué le patron de l'INCJ, Kimikazu Noumi, lors d'une conférence de presse.

«Les besoins pour les téléphones de type "intelligent" devraient augmenter de 51% par an et la demande pour les tablettes de 33%», a-t-il précisé, soulignant «cela devenait un marché gigantesque».

«Les Japonais sont puissants dans ce domaine. C'est une chance exceptionnelle qu'il faut absolument saisir, mais c'est maintenant qu'il faut agir, qu'il faut exploiter nos atouts et forces», a-t-il insisté.

Bien que les industriels nippons soient en tête dans la fabrication de petits écrans de grande qualité technique requis pour ces populaires produits, ils redoutent la concurrence sud-coréenne et taïwanaise qui s'active également.

«Les autres fabricants mondiaux ont annoncé des investissements importants pour essayer de capter ce marché, ce qui nécessite des réactions appropriées afin d'élever notre compétitivité», ont justifié les trois groupes japonais.

«Nous disposons d'excellentes technologies et grâce à cette fusion, nous allons pouvoir les utiliser à plus grande échelle», s'est réjoui le patron de Toshiba, Norio Sasaki.

Pour être en mesure de lutter, il faut une taille critique qui permettre une montée en puissance à mesure que la demande augmente, «ensemble, nous allons pouvoir nous battre à l'échelle internationale», a renchéri son homologue de Hitachi, Hiroaki Nakanishi.

Regroupées, les filiales des trois firmes caracolent au sommet, revendiquant une part de marché mondiale sur les petits et moyens écrans de 10% en volume et de 22% en valeur, grâce à la concentration sur les modèles à haute valeur ajoutée.

Elles entendent en outre pousser leur avantage en investissant pour faire fructifier un patrimoine commun qu'aucune n'aurait pu détenir intégralement seule.

Le fonds INCJ, appuyé par l'État, injectera quant à lui 200 milliards de yens (2,55 milliards de dollars) dans la nouvelle entreprise et recevra en échange des actions qui représenteront 70% du capital et des droits de vote de cette société qui sera baptisée Japan Display.

Sony, Hitachi et Toshiba en détiendront pour leur part chacun 10%.

La firme commune à naître comptera six sites de production au Japon et des effectifs de 7.600 personnes au départ. Elle devrait se doter de nouvelles lignes et investir de façon importante en recherche et développement (R&D) pour concevoir des écrans à cristaux liquides (LCD) ou organiques électroluminescents (OEL ou OLED) de prochaine génération.

Le chiffre d'affaires cumulé des trois filiales de Sony, Hitachi et Toshiba s'élèvera cette année à 570 milliards de yens (5,2 milliards d'euros), un total qu'elles espèrent hisser à 750 milliards de yens (près de 7 milliards d'euros) en 2015-2016.

«Je suis certain que le rapprochement des technologies et savoir-faire des trois entreprises va être un nouveau moteur d'innovations technologiques et de croissance», a commenté le PGG américain de Sony, Howard Stringer.

L'un des compatriotes et concurrents de ces groupes japonais, Sharp, qui contrôle 15% (en valeur) du marché mondial des petits et moyens écrans, est lui aussi en train de réorganiser ses activités afin d'être plus fort et compétitif sur les modèles pour appareils mobiles. Sharp fournit notamment des écrans à l'Américain Apple pour ses tablettes et téléphones.