Les violations de propriété intellectuelle en Chine coûtent aux entreprises américaines près de 50 milliards de dollars par an et près d'un million d'emplois, selon un rapport officiel publié aux Etats-Unis, où les pouvoirs publics haussent le ton.

Les sociétés américaines consultées par la Commission américaine du Commerce international (ITC) ont estimé leurs pertes totales liées à cette question à 48 milliards de dollars en 2009.

L'étude de l'ITC a été publié à l'occasion d'un sommet du Forum économique Asie-Pacifique (Apec) dans la station de sports d'hiver de Big Sky, dans le Montana.

Elle estime que si Pékin s'attaquait aux violations de propriété intellectuelle aussi sévèrement que Washington, les sociétés américaines pourraient créer 923.000 emplois supplémentaires.

En se basant sur des modèles statistiques plutôt que sur un sondage des entreprises, l'ITC calcule même que 2,1 millions d'embauches pourraient intervenir si la Chine mettait fin au piratage dans des secteurs comme les logiciels informatiques ou le cinéma.

«Nous ne pouvons pas prétendre que ces violations n'ont pas de vraies conséquences quand ces chiffres montrent que des millions d'emplois américains sont en jeu», a réagi Max Baucus, président démocrate de la Commission des Finances du Sénat, commanditaire de l'étude.

M. Baucus a dit espérer que le forum de Big Sky contribuerait à «faire tomber les barrières commerciales et rendre moins onéreux, plus rapide et plus simple pour les petites entreprises américaines d'exporter vers ces marchés lucratifs».

Le sénateur républicain Chuck Grassley, de son côté, a insisté sur la nécessité d'exiger des protections rigoureuses de la propriété intellectuelle lors de la négociation d'accords commerciaux.

«La Chine veut tirer les bénéfices de sa relation économique avec les États-Unis, sans faire ce qu'il faut de son côté», a-t-il regretté.

Les relations entre les États-Unis et la Chine, les deux premières économies de la planète, sont depuis longtemps difficiles sur la question des échanges commerciaux, de nombreux élus américains accusant régulièrement le géant asiatique de soutenir ses entreprises pour doper ses exportations.

Mais ces nouvelles critiques interviennent à un moment où l'administration du président Barack Obama cherche à apaiser les relations entre les deux pays.

Lors d'une rencontre au début du mois à Washington, le vice-premier ministre chinoise Wang Qishan avait demandé aux États-Unis de ne pas «politiser» les relations économiques entre les deux pays.

Il avait rejeté les accusations selon lesquelles la croissance chinoise serait gonflée de manière artificielle par Pékin, par le biais notamment d'une monnaie sous-évaluée.

À cette occasion, les autorités américaines avaient rapporté que la Chine avait promis de muscler sa protection des droits de propriété intellectuelle et d'éviter de donner la priorité aux entreprises chinoises lors de l'attribution de contrats.

Les États-Unis ne sont pas les seuls affectés. Une étude officielle publiée récemment à Pékin estimait que le piratage de logiciels avait coûté à l'industrie chinoise 130,9 milliards de yuans en 2010, soit plus de 20 milliards de dollars.