Le lancement de la Boxee Box pas la société D-Link marque un tournant dans le marché tout naissant des récepteurs vidéo numériques : capable de récupérer le contenu vidéo de sites comme Tou.tv et Facebook, il donne un nouveau sens à l'expression «couper le cordon».

La Boxee Box arrive au Canada sur les talons d'une nouvelle tendance forte du côté des géants du web moderne : prendre d'assaut la télé du salon. Outre l'Apple TV de deuxième génération, la mise en marché d'appareils Google TV par Sony et Logitech incarnent ce mouvement, même si, en réalité, c'est un mouvement qui tarde à prendre un élan réellement convaincant. Bientôt, même Microsoft rejoindra Apple et Google dans ce marché. Leur motif : les consommateurs délaissent de plus en plus les sources de télé traditionnelles pour internet.

Il faut dire que ces appareils, aussi branchés soient-ils, peinent à offrir tout le contenu dont on peut rêver : films, télé, etc. Au Québec comme ailleurs au Canada, c'est encore pis, les règles sur la propriété intellectuelle empêchant carrément l'utilisation de services web comme Pandora et Hulu, entre autres, très populaires aux États-Unis. C'est encore plus grave du côté des films, où chaque grand studio contrôle maladivement la distribution de ses produits.

Au Québec, où le contexte médiatique est fort différent de celui du reste du continent, c'est un mouvement pas encore aussi important : les titres en français sont pratiquement introuvables en format numérique. Les séries télé, elles, sont confinées au site web du diffuseur, le plus important (et le plus reconnu) étant Tou.tv, un site essentiellement géré par Radio-Canada.

Les autres grands diffuseurs, Astral Média et Quebecor, ont des approches différentes : le premier découpe son offre en fonction de ses chaînes spécialisées, le second offre à peu près tout son contenu sur Canoë.

Quant au nouveau groupe télé de Bell, qui comprend RDS au Québec, c'est encore plus exclusif : on n'y accède qu'à travers les propriétés web des diffuseurs.

Une boîte pour toutes les unifier... ou presque

Entre en scène la Boxee Box, qui emballe le logiciel de cinéma maison Boxee dans une boîte tronquée au design aussi amusant que peu pratique. Son mandat est aussi simple qu'on puisse le souhaiter: réunir toutes les sources vidéo non traditionnelles en un seul endroit, la télé du salon. L'appareil est doté d'un processeur ARM, d'une entrée réseau Ethernet et WiFi, d'une sortie HDMI (HD 1080p) et d'une télécommande à fréquence radio doublée d'un mini clavier alphanumérique complet.

Une configuration rapide permet de brancher l'appareil à son réseau domestique et au web. En arrière-plan, il récupère les fichiers stockés sur un disque réseau, ou sur un PC, de même que les séries télé offertes par les diffuseurs sur leur site web ou ailleurs.

À l'avant-plan, donc sur l'écran de son téléviseur, il regroupe le tout sous des onglets de films ou de séries télé et présente le contenu par titre, peu importe la provenance des fichiers. Idem pour la musique : on peut aller chercher ses fichiers MP3 (ou Ogg, ou AAC, ou...) sur son serveur ou via une application web. Un onglet «Amis» réunit les vidéos publiées par ses contacts sur Facebook et Twitter.

Côté vidéo, Boxee possède à peu près tous les décodeurs vidéo imaginables, des AVI aux MKV. Idem côté musical : les fichiers FLAC deviennent soudainement bien plus intéressants.

La Boxee Box offre aussi des Apps, des applications pour du contenu spécifique. CBC en a une, de même que le hockey de la LNH via le service GameCenter. Une ou deux de ces applications sont en français, mais le contenu québécois y est virtuellement inexistant.

Ce que les anglophones appelleront le «Killer App» est toutefois son navigateur web, qu'on contrôle via le clavier de la télécommande, et qui est doté d'un plugiciel Flash affichant les vidéos tirés de sites comme Tou.tv, mentionné ci-haut.

C'est là la beauté insoupçonnée de la Box : pour les internautes québécois, il s'agit probablement de la meilleure option pour renvoyer sur son téléviseur du contenu web sans avoir à brancher d'ordinateur personnel. À 200 $, c'est aussi l'option la plus abordable, au-delà du câble AV qui relierait ce même ordinateur personnel à un téléviseur.

Comme le contenu est accessible gratuitement et tout à fait légitimement, aucun souci de ce côté. C'est aussi 100 % sur demande. Seul défaut : la qualité des vidéos web est souvent bien inférieure à la résolution d'un téléviseur moderne.

L'appareil n'est pas encore rendu au stade de l'adoption massive, mais pour les adopteurs précoces pressés de réduire leurs dépenses mensuelles en services télé, la Boxee Box est certainement la plus polyvalente des options sur le marché. Plus que l'Apple TV, axé sur les films et le contenu maison. Elle est loin d'être parfaite : le temps de chargement est souvent long, et la qualité vidéo n'est pas toujours au rendez-vous. Aussi, l'interface est actuellement en anglais seulement, le temps que D-Link Canada traduise le tout, chose promise pour tôt en 2011.

Mais comme dirait l'autre, à cheval donné...

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