Le géant de l'électronique japonais Sony a subi au cours de l'exercice budgétaire 2008-2009 sa première perte nette en quatorze ans, victime de la récession internationale et plus encore de la hausse de la monnaie japonaise qui lamine sa compétitivité.

Sony venait à peine, au printemps 2008, de se rétablir sur de solides bases, après avoir enduré des années de convalescence suivant l'explosion de bulle financière japonaise et la retombée de la fièvre internet en 2002.Mais la tempête qui s'est abattue sur l'économie mondiale à l'automne a ruiné ses efforts passés. Il a fait état jeudi d'une perte nette annuelle de 98 milliards de yens (761 millions d'euros), certes moins importante que redouté mais symptomatique.

C'est la première fois que cela lui arrive depuis 1994-1995, même si par la suite il a plusieurs fois vu sa rentabilité malmenée et ses profits évoluer en dents de scie.

La flambée de la devise nippone, consécutive aux turbulences financières, a mécaniquement fait décroître le chiffre d'affaires du groupe. D'autant qu'elle s'est conjuguée à un déclin de la demande de produits électroniques grand public et à une intensification de la concurrence.

«Par rapport à l'année précédente, la valeur du yen s'est élevée de 13,8% face au dollar et de 12,7% vis-à-vis de l'euro», a souligné Sony.

Sony a vu ses revenus et marges fondre. Il a fait état d'une perte d'exploitation de 228 milliards de yens (1,75 milliard d'euros), contre un profit opérationnel de 475 milliards un an plus tôt. Son chiffre d'affaires a abandonné 12,9% sur un an à 7.730 milliards de yens (59,5 milliards d'euros).

Le pilier du groupe, l'électronique (hors consoles de jeux vidéo) a vu ses ventes s'effondrer de 17% sur un an en valeur sur l'ensemble de l'exercice, et de 36% entre janvier et mars 2009. Cette activité centrale, qui fait la réputation de Sony auprès du grand public et repose à 83% sur les marchés étrangers, a en conséquence enregistré un résultat d'exploitation négatif.

«Même si certains produits comme les téléviseurs à écran à cristaux liquides (LCD) se sont bien écoulés en nombre d'unités, cela n'a pas suffi à compenser le fort déclin observé sur les camescopes, les appareils photo numériques ou encore les ordinateurs», a expliqué Sony.

Sony n'a pas non plus réussi à remettre d'aplomb son segment des jeux vidéo, même s'il est moins profondément ancré dans le rouge que l'année précédent.

Cette situation, due au fait que Sony vend ses consoles-vedettes PlayStation 3 à perte, contraste avec celle de son concurrent et compatriote Nintendo, dont le bénéfice net a atteint un record lors de l'exercice bouclé en mars.

Sony met en cause l'impact du yen cher et le déclin des ventes de son modèle PlayStation 2 qui est désormais dépassé par la PlayStation 3 lancée fin 2006. Reste que cette dernière s'est vendue à seulement 10 millions d'unités, dans l'année, plus de deux fois et demie moins que la Wii de Nintendo.

Maigre consolation: les studios Sony Pictures Entertainment sont restés rentables malgré des recettes moindres, sauvés par des héros populaires comme Hancock.

Sony, qui a décidé de faire 2,5 milliards d'euros d'économies, poursuit la la suppression de 16.000 postes dans le monde et la réduction de ses sites de production détenus en propre, comme il l'avait annoncé fin 2008.

Malgré cela, il s'attend à rester déficitaire cette année: il prévoit une perte nette de 120 milliards de yens (923 millions d'euros), sur un chiffre d'affaires qui devrait encore céder 6% sur un an à 7.300 milliards de yens.