Le tentaculaire groupe d'électronique japonais Panasonic a confirmé vendredi son envie de mettre la main amicalement sur Sanyo, son compatriote et voisin oeuvrant dans des domaines similaires et complémentaires, afin de former le numéro un diversifié du secteur au Japon.

«Pour assurer notre croissance à l'avenir, alors que la conjoncture est très difficile, nous avons mesuré qu'il fallait un pilier de plus» et Sanyo nous a semblé être «le meilleur allié en ce sens», a déclaré le PDG de Panasonic, Fumio Ohtsubo, au cours d'une conférence de presse conjointe qui officialisait des rumeurs distillées dans la presse depuis une semaine.

But avoué: faire de Sanyo une filiale de Panasonic, géant encore en pleine forme malgré la situation économique mondiale exécrable mais dont les dirigeants sont contraints de raisonner à moyen et long termes.

Bien que les modalités de l'entrée de Sanyo dans le groupe Panasonic ne soient pas encore précisément déterminées, Panasonic souhaite «recueillir au moins la majorité du capital», a précisé M. Ohtsubo.

Des négociations seraient déjà en cours avec les trois plus gros détenteurs de titres Sanyo, à savoir trois groupes financiers japonais et américain en possession d'un gros paquet d'actions préférentielles acquises en 2006 et dont ils sont censés se défaire d'ici mars prochain.

«Nous sommes reconnaissants envers Panasonic», a assuré le patron de Sanyo, Seiichiro Sano, saluant un partenaire solide prêt à investir pour résoudre »le problème des actions préférentielles».

Selon les analystes, dont Seiichi Suzuki de Tokai Tokyo Securities, Panasonic pourrait obtenir un bon prix en profitant du fait que «personne d'autre que lui-même et une pincée de fonds d'investissement ne s'est porté volontaire» pour entrer dans le capital de Sanyo, surtout par les temps difficiles qui courent.

Contrairement à ces experts financiers qui estiment que «l'entreprise Sanyo n'est peut-être pas si attractive», bien que sortie requinquée d'une sévère cure d'amaigrissement pluriannuelle (près de 15 000 suppressions de postes, 15% du total et cession d'activités), M. Ohtsubo juge qu'elle dispose d'importants atouts (techniques, industriels,commerciaux) qui se marient à merveille avec ceux de Panasonic et seront d'abord «profitables aux clients».

Sanyo s'est en effet attachée ces dernières années à développer essentiellement des produits bons pour l'environnement, la santé, l'hygiène et le divertissement multimédia.

Si ce mariage de raison est mené à bien, les origines des deux firmes devenues multinationales se ressouderont.

Sanyo a en effet été fondée en 1947 par Toshio Ue, beau-frère de Konosuke Matsushita, le bâtisseur de l'empire Panasonic (établi en 1918 sous la dénomination «Matsushita Denki») et figure tutélaire des grands patrons nippons visionnaires, philanthropes et pétris d'un sens aigu des affaires.

En adoptant son cadet Sanyo, alors qu'il vient tout juste d'abandonner JVC (matériels audiovisuels), Panasonic enrichira surtout son catalogue de produits complémentaires des siens et élargira ses activités à des domaines actuellement très porteurs, dont, en premier lieu, les cellules photovoltaïques, une des spécialités de Sanyo au côté des non moins prometteuses batteries rechargeables de divers types. Sanyo est le numéro un mondial des modèles lithium-ion.

«En regroupant nos technologies et savoir-faire manufacturiers accumulés au fil des ans, nous pensons que nous pouvons constituer un ensemble fortement compétitif», ont insisté les patrons des deux firmes.

Interrogé sur la préservation de la marque Sanyo et des emplois en cas de redondances, M. Ohtsubo a insisté sur «l'importance du logo et des ressources humaines» mais signifié également que la santé et la survie du groupe était essentielles.