L'avènement de Google Earth sur le Net est un cadeau du ciel pour la PME Groupe Alta de Québec. « Ça a permis de démocratiser les données et de faire connaître notre secteur d'activité », explique Benoît Raymond, président de l'entreprise spécialisée en géomatique.

L'avènement de Google Earth sur le Net est un cadeau du ciel pour la PME Groupe Alta de Québec. « Ça a permis de démocratiser les données et de faire connaître notre secteur d'activité », explique Benoît Raymond, président de l'entreprise spécialisée en géomatique.

Pour les néophytes, la géomatique est la gestion des données géographiques. L'acquisition, le stockage, le traitement et la diffusion de ces données font appel à une panoplie de sciences et de technologies dont la cartographie, la géodésie, l'informatique, etc. Au Canada, les universités Laval et de Calgary possèdent un département de géomatique.

Mais cette science n'est plus l'apanage des gouvernements, des universitaires et d'une poignée d'entreprises. Depuis que les photos aériennes sont au goût du jour, accessibles et qu'elles offrent maintenant des possibilités infinies, la PME Groupe Alta profite d'un vent plus que favorable.

Car, de simple entreprise qui effectuait uniquement de l'acquisition de données (lire : de la photographie aérienne), Groupe Alta offre aujourd'hui des solutions intégrées. Ces dernières années, la PME a en effet mis au point des logiciels lui permettant d'analyser ses propres données et de les traiter selon les besoins du client.

Par exemple, si Bell Canada désire connaître la nomenclature exacte d'une partie de son réseau dans une région donnée, Groupe Alta s'en chargera pour elle. Idem pour le gouvernement de la Colombie-Britannique, qui a fait appel à la PME pour savoir (grâce à l'infrarouge) si un insecte avait attaqué ou épargné une partie de son territoire forestier. Et il ne s'agit là que de la pointe de l'iceberg, croit Benoit Raymond.

« Pour l'instant, les solutions intégrées ne représentent que 15 % de nos revenus, dit-il. Mais c'est là qu'il y a le plus de potentiel de développement. La géomatique est applicable dans à peu près tous les secteurs : ressources naturelles, télécommunications, infrastructure urbaine, sécurité publique, etc. »

L'entreprise vent ses services à 50 % au Canada, 30 % aux États-Unis et 20 % à l'international. En 2007, la PME entend faire une acquisition en sol américain, ce qui lui ouvrira les portes de ce marché, dit le président de Groupe Alta.

Plus de la moitié des revenus de l'entreprise (qui demeurent confidentiels) proviennent encore du prélèvement de données. La PME possède une dizaine d'avions à cette fin, de même que l'équipement photographique impressionnant, notamment un appareil numérique de 1,5 millions. La qualité des images aériennes de l'entreprise permet même de distinguer la couleur des cheveux d'un quidam. Groupe Alta a déjà photographié du haut des airs les territoires d'une cinquantaine de pays. En ce moment, elle a entre autres une équipe au Costa Rica.

Ses autres revenus proviennent principalement du traitement de données et de la vente de logiciels (dans plus de 80 pays), dont le DVP qui vaut la bagatelle de 30 000$ US. L'entreprise dispose d'une équipe de 240 personnes dans ses quatre bureaux québécois : pilotes d'avion, ingénieurs, techniciens, etc. L'entreprise a également un bureau au Maroc et un autre au Venezuela. Depuis 2003, sa croissance annuelle est d'environ 20 %.

Le siège social de Groupe Alta est situé à l'aéroport Jean-Lesage de Québec. La PME est dépositaire de la photothèque du gouvernement du Québec, c'est-à-dire de toutes les photos aériennes prises dans la Belle Province depuis les années 40. Elle possède ainsi des archives d'environ cinq millions de photos.

Racheté à Kodak

Fondé en 1958, Groupe Alta s'est concentré dans la recherche et le développement de logiciels à partir de la décennie 90. C'est d'ailleurs à cette époque que le géant Kodak s'est associé à la PME de Québec, puis l'a achetée. Son but : gagner la course dans ce qui allait devenir Google Earth. « On est monté jusqu'à 450 employés », dit le président de la PME, Benoît Raymond.

Mais Kodak a décidé d'abandonner le projet en 2002, en raison de ses difficultés financières et parce que Google était en train de gagner la course. « Mais nos données se retrouvent aujourd'hui sur Google Earth; nous y avons les photos aériennes de 80 villes américaines », explique M. Raymond.

En 2003, après l'épisode Kodak, les anciens actionnaires ont racheté l'entreprise et ont multiplié les acquisitions au point de faire de Groupe Alta l'un des principaux joueurs dans le secteur de la géomatique au Canada. La PME possède d'ailleurs le plus grand laboratoire analogique et numérique au pays.