Les groupes Nokia et Motorola, leaders mondiaux des téléphones intelligents, n'étaient guère impressionnés lundi par l'annonce par Apple du lancement d'un «iPhone», affirmant avoir déjà lancé eux-mêmes des modèles plus performants et moins chers.

Les groupes Nokia et Motorola, leaders mondiaux des téléphones intelligents, n'étaient guère impressionnés lundi par l'annonce par Apple du lancement d'un «iPhone», affirmant avoir déjà lancé eux-mêmes des modèles plus performants et moins chers.

«Nous avons lancé dès 2002 le premier téléphone intelligent, avec lecture de musique, accès Internet et appareil photo, le Nokia 7650», a expliqué Kari Tuutti, directeur des produits multimédia de Nokia, sur son stand au Consumer Electronics Show de Las Vegas (Nevada, ouest).

«Nokia a vendu l'an dernier plus de 40 millions de téléphones intelligents, qui ont tous la lecture de musique, accès Internet et appareils photos intégrés, sur 90 millions vendus au total dans le monde», a-t-il dit.

«Mais ce segment est celui qui croît le plus, avec 250 millions d'unités qui devraient être vendues en 2008: il y a beaucoup de place pour beaucoup d'opérateurs», a-t-il ajouté.

«Le choix d'Apple valide notre stratégie de proposer des appareils multi-fonctions, a-t-il poursuivi. «Nous sommes le leader, Apple nous suit», a-t-il commenté, rappelant que Nokia est aussi de loin le premier vendeur de baladeurs musicaux avec 70 millions d'unités vendues l'an dernier, autant que l'iPod en 5 ans.

«L'iPhone n'a qu'une capacité (de transmission Internet) en 2G, bien plus lente que le 3G, dont est équipé notre dernier modèle, le N95, qui sort en mars en Europe et en Asie, et qui télécharge 20 fois plus vite que le 2G», a poursuivi M Tuutti, visiblement très au fait des caractéristiques techniques du produit d'Apple.

«Et l'iPhone ne sortira en dehors des États-Unis qu'en 2008, c'est un très long processus pour Apple sur ce marché», a-t-il dit.

«Le N95 a aussi une balise de localisation GPS et la cartographie, ce que n'a pas l'iPhone», a-t-il aussi souligné. Il sera proposé à 550 dollars, un prix proche des 500 à 600 dollars de l'iPhone, des prix très élevés dans ce secteur.

Sur le stand de Motorola, on affichait la même sérénité. Le groupe s'est refusé à tout commentaire, mais ses représentants ont montré plusieurs modèles qui comme l'iPhone combinent déjà musique et accès Internet: notamment le «Q», un PDA largement vendu aux États-Unis, le «MotoMing», un téléphone-PDA qui est déjà le premier modèle vendu en Asie, pour quelque 300 dollars et le MotoRokr, qui a un large écran tactile et intègre aussi un agenda électronique avec reconnaissance de l'écriture, des fonctions plus riche que l'iPhone.

Sans menacer les leaders, «pour Apple, l'iPhone cela pourrait être un succès» avec une bonne valeur ajoutée pour les actionnaires, a cependant souligné Chris Ambrosio, directeur des produits sans fil du cabinet Strategy Analytics.

«Apple pourrait en vendre un million et quelque dès cette année à travers son partenariat avec l'opérateur Cingular, et 5 à 10 millions par an lorsqu'il aura conclu des accords avec d'autres opérateurs», a-t-il jugé. «C'est un objectif réaliste. Apple saura créer une différenciation dans la facilité d'usage, et il y aura des fans de l'iPod qui voudront dépenser 500 dollars pour un tel produit», a-t-il dit.

Sans être techniquement révolutionnaire, le point fort du produit d'Apple devrait rester le design et la maniabilité, estimaient généralement ses concurrents. «Je pense que cela peut changer le marché, en créant une nouvelle référence», a commenté à titre personnel une responsable du groupe coréen LG, autre gros fabricant de super-téléphones.

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