YouTube a été utilisé en Ontario comme un auxiliaire par la police à la recherche de l'auteur d'un assassinat dans un bar, une «première» qui inquiète certains internautes.

YouTube a été utilisé en Ontario comme un auxiliaire par la police à la recherche de l'auteur d'un assassinat dans un bar, une «première» qui inquiète certains internautes.

La police de Hamilton en Ontario a rajeuni ses méthodes d'enquête en mettant récemment en ligne sur le populaire site un extrait vidéo de personnes entrant dans un bar quelques heures avant un spectacle de hip-hop à l'issue duquel deux jeunes hommes ont été poignardés lors d'affrontements entre gangs rivaux. L'une des deux victimes avait perdu la vie.

«Nous avons décidé de mettre cette vidéo en ligne parce que nous avions l'impression qu'elle avait ainsi davantage de chances d'être vue par des adolescents et des personnes âgés d'une vingtaine d'années qui assistaient au concert», explique le détective Jorge Lasso.

«Pour toucher cette tranche d'âge nous devions aller sur Internet, là où ces jeunes s'informent», poursuit-il. La police de Hamilton, ville industrielle située à une heure de la métropole Toronto, avait déjà mis en ligne des extraits vidéo mais sur son propre site Internet, peu visité.

YouTube s'est imposé en 2006 comme l'un des sites phares de la toile, un cyberlieu où chacun peut partager sa vie, ses rêves et se mettre en scène devant des millions d'inconnus.

Le site, créé en Californie il y a 18 mois, affiche 100 millions de clips vus par jour, une popularité qui a attiré la convoitise du géant Google qui l'a racheté cet automne pour 1,65 milliard de dollars américains.

Des milliers d'internautes ont déjà visionné l'extrait vidéo de la police de Hamilton, certains applaudissant cette nouvelle méthode d'enquête et d'autres critiquant vertement ce qu'ils qualifient d'intrusion dans un espace de liberté.

«Cette vidéo est un outil au service de la police, soyez vigilants», avertit un internaute sur le site.

Les autorités britanniques avaient déjà mis en ligne sur YouTube la vidéo d'une mère éplorée invitant la population à l'aider à retrouver le meurtrier de son fils, mais c'est la première fois que le site populaire sert véritablement «d'outil d'enquête», et «ce ne sera pas la dernière», affirme M. Lasso.

Cette nouvelle stratégie ne fait toutefois pas l'unanimité parmi les spécialistes.

«Lorsque la police utilise ce site comme un outil d'enquête, il y a le risque d'un contrecoup si les gens pensent qu'elle patrouille la toile à la recherche de preuves», analyse Wade Deisman, criminologue à l'université d'Ottawa.

Les services policiers et de renseignement surveillent déjà l'Internet. Plusieurs cas de pédophilie par exemple ont été découverts grâce à des enquêtes menées sur Internet.

«Les gens pensaient au début qu'Internet allait échapper à toute forme de contrôle par les gouvernements, que ces derniers n'allaient pas être en mesure d'étendre l'état de droit sur la toile, mais la police a développé un tas de moyens et de mécanismes pour y étendre le règne de la loi», assure M. Deisman.

Dans le cas d'Hamilton, les commentaires et les quelques indications transmis à la police n'ont cependant pas permis pour l'heure d'identifier le principal suspect, mais la police de Hamilton garde encore bon espoir.