Luc Doyon devra développer du contenu original pour le Web, les cellulaires et les lecteurs numériques de type iPod.

Luc Doyon devra développer du contenu original pour le Web, les cellulaires et les lecteurs numériques de type iPod.

C'était le secret le moins bien gardé du milieu de la télé: TVA a finalement confirmé mardi l'embauche de Luc Doyon, l'ancien grand patron de TQS, comme vice-président à la production et à la création multimédia.

Ce nouveau poste a été créé spécialement pour lui.

Ainsi, sous les ordres du PDG du Groupe TVA, Pierre Dion, on retrouvera la «sainte trinité» des vice-présidents, composée de Luc Doyon aux nouvelles technologies, de France Lauzière aux programmes et de Serge Fortin à l'information.

«Tous les trois relèvent de moi. France, Serge et Luc vont travailler de concert», a indiqué Pierre Dion.

Le mandat de Luc Doyon est clair: TVA doit rapidement développer et diffuser du contenu original pour le Web, les téléphones portables et les lecteurs numériques de type iPod.

Un secteur où le Québec traîne la patte, admet Luc Doyon en entrevue.

Par exemple, aux États-Unis, le réseau CBS met en ligne gratuitement des émissions comme Big Brother: All Stars.

Sur le modèle de YouTube.com, le téléspectateur peut donc visionner, quand bon lui semble, des épisodes qu'il aurait ratés.

À ABC, on vend des épisodes à la carte de Desperate Housewives et Lost sur le magasin en ligne de la compagnie Apple.

En mai, sur son site Web, ABC a aussi rendu disponibles des épisodes de ses séries les plus populaires, dont Grey's Anatomy, le lendemain de leur diffusion originale.

Le tout, gratuitement, mais avec des pubs impossibles à sauter. L'expérience pilote a pris fin après deux mois.

Pour le marché européen, Fox a également produit 24 «mobisodes» (une contraction pour épisodes mobiles) de la série 24 exclusivement pour les propriétaires de téléphones cellulaires.

TVA, qui s'apprête à vivre de grands bouleversements, n'a pas encore décidé si les consommateurs devront payer pour visionner ce nouveau type de contenu, qui se déclinera sous forme de capsules et de courts clips.

Selon Pierre Dion, les consommateurs utilisent leur téléphone portable pendant environ sept minutes par jour pour télécharger de l'audiovisuel.

Pierre Dion compte sur Luc Doyon pour ne pas «rater le train». Évidemment, rendre une émission disponible sur Internet ou en vidéo sur demande (VSD) ne se fait pas en un clic de souris. Il y a toute l'épineuse question des droits à renégocier, une tâche colossale, complexe et cruciale dans ce dossier.

Pierre Dion ne s'en cache pas: «On ne peut plus fonctionner selon les anciennes règles du jeu», avertit-il, ce qui annonce des discussions houleuses avec les producteurs indépendants, qui fournissent à TVA des émissions comme Annie et ses hommes, Lance et compte et Nos étés.

Au sujet des liens unissant TVA à ces producteurs indépendants, Pierre Dion avertit que «cette relation devra s'adapter aux nouvelles technologies».

D'ailleurs, les 24 «mobisodes» de 24, qui duraient une minute chacun, ont été tournés sans Jack Bauer, David Palmer ou Chloe O'Brian.

Fox a plutôt embauché des acteurs non syndiqués de Hollywood, car la question des droits n'était pas encore réglée avec l'équivalent américain de l'Union des artistes (UdA).

En plus d'avoir à gérer le secteur de l'exploitation de TVA, Luc Doyon devient président de JPL, filiale du réseau qui produit plusieurs émissions à l'interne, dont Les Poupées russes, Salut, bonjour, La Poule aux oeufs d'or, Star Système et Sucré salé.

L'ancien patron de JPL, Réal Germain, a décidé de quitter TVA, souligne Pierre Dion.

Luc Doyon commence à TVA le 24 juillet, quelques jours après l'expiration de la clause de non-concurrence de six mois le liant à TQS.

M. Doyon a remis sa démission du Mouton noir le 19 janvier après huit ans et demi de services.