Un laboratoire d'informatique de l'UQAM accueille depuis le mois dernier la première installation LiFi à Montréal. Cette technologie permet de transmettre internet par la lumière plutôt que par les câbles ou les réseaux WiFi. Le LiFi est à la fois plus rapide, plus sûr et plus précis. Nos explications.

RÉVOLUTION LUMINEUSE

C'est en apparence une ampoule DEL comme il y en a ailleurs dans la pièce. Mais si on s'installe avec un ordinateur ou un téléphone sous cette lampe, avec un logiciel adapté, on peut utiliser l'ampoule pour accéder à l'internet. « C'est à notre connaissance la première installation à Montréal », dit Patrick Burle, cofondateur et vice-président au développement de Global Lifi Tech. « On a rencontré le responsable du laboratoire lors d'un séminaire de la Société des arts technologiques. Comme il teste d'autres technologies de communication, il était intéressé par le LiFi. » Le laboratoire du professeur Ygal Bendavid est situé au pavillon de la faculté de gestion de l'UQAM, situé à l'intersection de Sainte-Catherine et Sanguinet. Un réseau LiFi de Global Lifi Tech a aussi été livré à la firme de télécommunications Ericsson à Saint-Laurent. « Ericsson veut davantage travailler sur les aspects santé et sécurité qui sont possibles avec le LiFi, par exemple sur les combinaisons des pompiers », dit M. Burle.

L'ABC DU LIFI

Le LiFi est la version moderne du code morse, qui permettait aux navires de communiquer entre eux avec des phares. Les ampoules clignotent de manière imperceptible à l'oeil humain. Comme la lumière ne traverse pas les murs pleins, et que son intensité diminue beaucoup avec la distance, les informations transmises sont moins faciles à intercepter qu'avec le WiFi, ce qui rend le LiFi particulièrement intéressant pour le milieu de la santé et pour les banques. Des chercheurs ont commencé à envisager de transmettre des informations sans câble par laser à partir des années 70, mais il a fallu attendre 2003 pour que des chercheurs japonais y arrivent. Beaucoup de firmes françaises travaillent sur des projets LiFi. En 2015, la chaîne de supermarchés française Carrefour a fait un projet-pilote de géolocalisation des clients par LiFi avec la multinationale néerlandaise Philips, dans un supermarché de Lille.

LIFI EN MAGASIN

Le laboratoire de l'UQAM où est installée la borne LiFi de Global Lifi Tech est utilisé par le professeur Ygal Bendavid, spécialiste en gestion des opérations, pour tester les technologies des magasins de demain. « On veut par exemple pouvoir envoyer des offres sur une marque de café à un client qui se trouve devant la section de cette marque dans les étalages, dit M. Bendavid. Pour cela, il faut être très précis au niveau de la géolocalisation du client, comme le permet le LiFi. On peut aussi aider le client à trouver les aliments sur sa liste d'épicerie, un peu comme les navigateurs des téléphones portables nous guident dans les rues. » D'autres technologies, basées sur la communication Bluetooth ou les puces capables de communication radio (RFID), pourront aussi aider les commerçants, notamment pour l'inventaire. Global Lifi Tech a aussi installé le mois dernier une borne LiFi au Technopôle de Repentigny, un centre de recherche appliquée pour les détaillants, indique M. Burle.

L'INTERNET PAR LA LAMPE

Le premier produit grand public de Global Lifi Tech est la lampe Mylifi Pro de la firme française Oledcomm. « Ça fait la luminothérapie en plus de la connexion internet par LiFi, explique Patrick Burle. La vitesse de connexion est de 23 mégaoctets par seconde mais c'est super sécuritaire. Les données ne voyagent pas à l'extérieur de la maison comme avec le WiFi. » Il s'agit d'une version « professionnelle », mieux adaptée au marché nord-américain, de la lampe Mylifi d'Oledcomm, selon M. Burle. Mylifi Pro coûte 1500 $CAN, contre 600 euros pour Mylifi en France. Plus de 200 précommandes ont été faites au Canada et la livraison est prévue en juillet, selon M. Burle.

L'AVENIR

Les ordinateurs devraient être équipés de capteurs d'internet par LiFi d'ici deux ans, selon M. Burle. « Pour le moment, on utilise des capteurs sur clé USB, comme pour le WiFi au début. Ça va se faire avec l'introduction des réseaux de téléphones portables 5G [cinquième génération], parce qu'il y a des problèmes de compatibilité entre le WiFi et le 5G. » Pour ce qui est des téléphones portables, des applications permettent d'avoir accès aux réseaux LiFi par l'entreprise des caméras, mais pas encore de manière bidirectionnelle - on ne peut que recevoir des informations, pas faire une recherche Google.

En chiffres

224 gigaoctets par seconde : vitesse maximale atteinte avec la technologie LiFi, en laboratoire

0,2 gigaoctets par seconde : vitesse maximale des réseaux WiFi actuellement

10 à 40 gigaoctets par seconde : vitesse actuelle des réseaux LiFi

0,017 gigaoctets par seconde : vitesse moyenne des réseaux WiFi au Canada

Sources : Université Oxford, Lifewire, Speedtest