L'ancienne imprimerie de The Gazette, dans Notre-Dame-de-Grâce, entrera de plain-pied dans le XXIe siècle en devenant un centre de données. Son nouveau propriétaire, l'entreprise québécoise eStruxture, annoncera ce matin un investissement de 150 millions de dollars pour transformer l'immeuble en un complexe offrant des services d'infonuagique à ses clients de la région montréalaise.

L'importance de l'investissement, la superficie de 156 000 pieds carrés ainsi que la capacité de 30 mégawatts en font un des plus gros centres de données au Québec.

À titre de comparaison, COLO-D avait revendiqué le titre de plus gros centre en 2015 avec un investissement de 100 millions à Longueuil pour une capacité de 35 mégawatts.

La Caisse de dépôt et placement du Québec, Canderel et Fengate en sont les trois principaux investisseurs.

SYMBOLIQUE FORTE

C'est avec une fierté bien sentie que le PDG d'eStruxture, Todd Coleman, a fait visiter les lieux à La Presse une journée avant l'annonce officielle.

L'édifice, construit en 1999 et inoccupé depuis 2014, est gigantesque et plutôt bien préservé. Outre les anciennes presses, maintenant retirées, on y trouve trois entrepôts totalisant 70 000 pieds carrés et des bureaux sur 6334 pieds carrés. Le terrain totalise près d'un demi-million de pieds carrés, ce qui permettrait une expansion. L'évaluation municipale du terrain et du bâtiment est de 12,2 millions.

L'agence immobilière chargée de la vente, Jones Lang Lasalle (JLL), faisait justement valoir la possibilité d'en faire un centre de données dans une brochure. On y vante en outre la proximité de l'autoroute 20 et des transports en commun, notamment de la gare de Montréal-Ouest.

Pour M. Coleman, la symbolique de la transformation de l'ex-imprimerie est forte.

« Nous aimons ça. C'est une sorte de conversion de l'industriel à la révolution numérique. » - Todd Coleman, PDG d'eStruxture

L'autre élément pour lequel il déclare spontanément son « amour », c'est... l'hiver québécois. La plus grosse dépense de fonctionnement d'un centre de données est en effet l'électricité, utilisée pour l'alimentation et le refroidissement des serveurs. « Nous profitons du froid huit mois par année. »

DOMAINES VARIÉS

Techniquement, il est en outre avantageux pour les entreprises montréalaises de compter sur des services infonuagiques à proximité de leurs locaux, explique-t-il.

« Ils ont accès aux installations facilement, que ce soit pour changer un logiciel ou effectuer de la maintenance, et la proximité réduit de beaucoup le délai de latence [des communications] ».

On prévoit le début des activités au printemps 2018. Une vingtaine de personnes y travailleront en permanence à la maintenance et à la sécurité, et quelques dizaines d'autres y seront affectées par les entreprises clientes.

On espère attirer autant les petites entreprises que les grandes, dans des domaines aussi variés que l'animation, le jeu vidéo, les cryptomonnaies, le cinéma et l'industrie bancaire. Le centre de données sera connecté par fibre optique à l'autre installation montréalaise d'eStruxture, dans le Vieux-Montréal.