«C'est un bagarreur, un véritable guerrier. Il aime jouer du coude avec les meilleurs et comme on dit, il se retrouve vraiment dans la cour des grands.»

Jean Paquet, entraîneur de l'équipe canadienne, ne tarit pas d'éloges à propos de son poulain Jean-Phillipe LeGuellec, qui a offert une autre grande prestation jeudi en prenant le 13e rang de l'individuel, une course de 20 km en biathlon aux Jeux de Vancouver.

LeGuellec a commis deux fautes de tir et a terminé à deux minutes, 24,6 secondes du vainqueur, le Norvégien Emil Hegle Svendsen. Ce dernier a parcouru la distance en 48 minutes, 22,5 secondes pour devancer par 9,5 secondes son compatriote, le grand Ole Einar Bjoerndalen, qui en était à sa 10e médaille olympique, et le Bélarusse Sergey Novikov.

Sa performance lui permet de se qualifier pour le «mass start» de dimanche, course qui réunit les 30 meilleurs biathlètes au monde. Dans cette épreuve, les participants sont tous groupés au départ et se retrouvent les uns aux côtés des autres sur le premier pas de tir, l'épreuve la plus spectaculaire qui soit.

«La fatigue commence peut-être à se faire sentir un peu et il faisait très chaud, mais je me suis concentré sur ma technique, a confié LeGuellec après sa prestation. C'est un longue course que ce 20 kilomètres, et il faut vraiment se concentrer à bien gérer son rythme, sinon on peut exploser. Je pense que je me suis bien débrouillé.»

C'est certain qu'au biathlon on peut toujours dire: «si je n'avais pas raté tel ou tel tir», mais tous les athlètes en font mention.

«Les conditions étaient un peu plus difficiles au champ de tir parce qu'il ventait, a dit le biathlète de Shannon près de Québec. Au deuxième tir, un tir debout, on le sentait beaucoup. J'étais arrivé au pas de tir en compagnie de Sumann (Christoph) et nous avons tous deux raté une cible. On savait que nous ne pouvions pas nous permettre de faute. Mais quand il vente, on ne peut pas s'installer vraiment à notre rythme. Il faut souvent prendre un peu plus de temps pour se stabiliser.

«J'ai raté une autre cible plus tard, a enchaîné LeGuellec. C'est sûr que ça n'allait pas m'apporter un podium, mais je suis tout de même satisfait. J'ai pu m'accrocher à Svendsen pour les deux derniers tours et je suis bien heureux.»

Paquet croit que LeGuellec tient encore très bien la forme, que sa préparation a été excellente et qu'il en récolte les fruits aujourd'hui.

«Je suis évidemment très satisfait de lui, a dit l'entraîneur. Il a obtenu 90 pour cent au tir, c'est excellent. Mais je savais aussi qu'il fallait un tir parfait pour accéder au podium aujourd'hui. Il lui en manquait un tout petit peu, mais comme on dit chez-nous, on est dans la «game', c'est certain. On peut se permettre de rêver. Il est vraiment dans la cour des grands. On a raté une Coupe du Monde, on ne courait pas après les points. Nous voulions qu'il performe ici et qu'il participe au «mass start» ici à Whistler.»

Ceux qui l'entourent le savent, mais c'est aussi le cas des grands coureurs européens, qui commencent à lui porter une attention particulière.

«J'ai obtenu plusieurs bons résultats au cours des deux dernières années, a dit LeGuellec. Les gars sur le circuit savent que je ne suis pas là pour la forme. Je veux me retrouver un jour sur le podium et ils le savent.»

Svendsen s'est retrouvé meneur de la Coupe du Monde en début de saison l'an dernier. Il est de la même génération que LeGuellec, mais contrairement au jeune Québécois, Svendsen a un grand modèle à suivre.

«Je ne serais pas ici aujourd'hui n'eut été de Ole Einar, a-t-il dit. Je me sens très humble à ses côtés.

«Je suis privilégié de pouvoir m'entraîner tous les jours avec Bjoerndalen, le plus grand de tous. J'essaie de copier tout ce qu'il fait, d'imiter tous ses gestes. Je lui dois beaucoup.»