Rien ne semble en mesure d'empêcher Chris Froome de se présenter sur les Champs-Élysées, dimanche, avec le maillot jaune et d'ainsi devenir le deuxième cycliste britannique d'affilée à gagner le Tour de France.

Après une autre attaque brutale en montagne dimanche, Froome devance Bauke Mollema et Alberto Contador par plus de quatre minutes avec seulement six étapes à disputer - quatre d'entre elles convenant à son style. Il s'agit d'un contre-la-montre mercredi, suivi de trois jours de torture dans les Alpes.

Mais la victoire semble la partie la plus facile.

La domination physique de Froome, âgé de 28 ans, au 100e Tour de France a soulevé des interrogations, ce qui est pratiquement inévitable dans le climat de suspicion qui hante le cyclisme depuis que Lance Armstrong a été dépouillé de ses sept titres pour dopage.

La course de cette année est la première depuis que Armstrong a perdu ses titres, et Froome comprend la nature des questions. Il était néanmoins triste que le dopage soit le sujet central de sa conférence de presse, lundi, en cette journée de repos. Tout cela au lendemain de sa victoire d'étape sur le mont Ventoux, une ascension historique où il a imposé sa domination grâce à deux attaques dévastatrices et où il a laissé Contador - le champion 2007 et 2009 - à la traîne.

«Je pense que c'est triste que nous soyons assis ici au lendemain de la plus grande victoire de ma vie... une victoire historique et qu'on parle de dopage, a déclaré Froome. Ici, je suis essentiellement accusé d'être un tricheur et un menteur, et ce n'est pas agréable du tout.

«Me comparer à Lance... Lance a triché. Je ne triche pas. Fin de l'histoire.»

Mais avec tant de récents exploits éventuellement entachés par des scandales de dopage, les amateurs de cyclisme veulent à bon droit savoir s'ils doivent continuer à croire à un sport propre. Les performances de Froome font l'objet d'un intense débat dans les médias sociaux, les blogues et les médias traditionnels.

«Je peux vous assurer que nous réfléchissons beaucoup à la meilleure façon de vous prouver que nous ne recourons pas au dopage», a fait savoir le directeur de l'équipe Sky Dave Brailsford, ajoutant que l'Agence mondiale antidopage pourrait aider en désignant un expert pour surveiller Froome.

«Ils peuvent venir et vivre avec nous, a ajouté Brailsford. Ils peuvent obtenir toutes nos informations. Ils peuvent voir l'ensemble de nos données.»

Brailsford et Froome préféreraient se concentrer sur les Alpes.

Et à en juger par ce que Contador a vu sur les 21 kilomètres de l'ascension vers le mont Ventoux, l'Espagnol a toutes les raisons de redouter ce qui s'en vient.

«Mon objectif était de gagner le Tour, mais (Froome) est un cran au-dessous de tout le monde», a avoué Contador.

Si Contador croit que le mont Ventoux était difficile, alors il appréhendera la 18e étape jeudi - avec en vedette la montée de l'Alpe-d'Huez, l'un des plus célèbres cols du Tour, à deux reprises comme si cela ne suffisait pas, le parcours de 204,5 kilomètres vendredi entre Bourg d'Oisans et Le Grand-Bornand - un enchaînement de cols - est terrible.

Il n'y a tout simplement pas de moment de répit.

L'étape débutera par l'ascension des deux principales difficultés du jour: le Col du Glandon et le Col de la Madeleine, tous deux classés hors catégorie. Et il faudra ensuite enchainer trois cols moins réputés, mais exigeants.

Pour faire bonne mesure, l'étape de samedi se termine par un col hors catégorie de 10,7 kilomètres vers Semnoz.

Froome se méfie toutefois de Contador.

«Il y a encore beaucoup de coureurs très affamés dans le peloton, a analysé Froome. Pour nous, il s'agit de garder le maillot jaune et de courir de façon à le défendre de notre mieux. Je ne pense pas que nous soyons nécessairement en mission pour essayer de gagner chaque étape de montagne.»

Il y a une lueur d'espoir pour Contador, car les coéquipiers de Froome chez Sky ont peiné à l'occasion. Lors de deux étapes, Froome a dû se débrouiller seul. Si cela se produit de nouveau dans les Alpes - et s'il connaît une mauvaise journée - il pourrait perdre une bonne partie de son avance.

«Oui, il y a une étape où j'ai l'intention de passer à l'action. Ce pourrait être une bonne journée pour essayer quelque chose, a déclaré Contador par le biais d'un interprète. Je vais chercher l'occasion. D'ici une semaine, vous saurez laquelle c'était.»

Sky est désormais limitée à sept coureurs car Edvald Boasson Hagen a abandonné en raison d'une blessure la semaine dernière et Vasil Kiryienka a terminé la 9e étape hors des temps.

Froome pourrait avoir besoin d'une légère avance supplémentaire et il pourrait l'obtenir lors du contre-la-montre de 32 kilomètres.

Le Tour reprend, mardi, avec une étape de moyenne montagne entre Vaison-la-Romaine et Gap dans les Alpes.