L'idée d'une organisation du Mondial-2022 au Qatar en hiver, au lieu de juin-juillet, se précise, le président de la Fifa Joseph Blatter ayant déclaré vendredi, pour la première fois, s'«attendre» à cette éventualité pour éviter les chaleurs accablantes de l'été au Moyen-Orient.

«Je m'attends à ce qu'elle (la Coupe du monde) se déroule en hiver parce que quand vous jouez au football vous devez protéger les principaux acteurs, les joueurs», a affirmé le président de la Fifa à Doha, au Qatar, où débute vendredi la Coupe d'Asie des nations (jusqu'au 29 janvier).

«Le Comité exécutif est libre de faire ce qu'il veut», a ajouté M. Blatter.

Les Qataris «doivent d'abord mettre sur pied un comité d'organisation, puis s'ils ont des voeux à formuler sur les conditions prévues lors du processus de candidature, ils doivent en faire la demande au CE», a également précisé le dirigeant suisse.

M. Blatter avait déjà, en décembre, évoqué cette possibilité mais il ne s'était pas montré aussi affirmatif que vendredi. Le fait d'effectuer cette déclaration sur le sol du futur pays organisateur est surtout le signe d'une accélération du débat sur un Mondial disputé en hiver, ce qui serait une première dans l'histoire de la Coupe du monde dont la première édition a eu lieu en 1930 en Uruguay.

Plus de 40°

Depuis l'attribution controversée du tournoi, il y a à peine un mois, au Qatar, minuscule (11.400 kmÂ2, 1,4 millions d'habitants) mais richissime émirat du Golfe arabo-persique, la question du climat est au centre des préoccupations, les températures pouvant dépasser les 40° en été dans cette partie du Moyen-Orient.

Pour pallier ces désagréments et arracher la victoire face aux Etat-Unis, pourtant considérés comme les grands favoris pour organiser le Mondial-2022, le Qatar s'est appuyé sur un dossier ambitieux prévoyant la construction de stades ultra-modernes équipés de systèmes de climatisation.

Mais le rapport d'évaluation de la commission technique de la Fifa, qui avait précédé la décision du CE, s'était elle montré très sceptique, indiquant que le dossier qatari soulevait beaucoup de «questions».

«Les rapports sont importants et c'est pourquoi nous les publions en toute transparence. Tous les membres du Comité exécutif savaient à quoi s'attendre avec le Qatar et c'est pourquoi certains ont déjà déclaré qu'on devrait jouer en hiver», a expliqué Sepp Blatter qui a une nouvelle fois voulu défendre le choix de la Fifa, effectué sur fond de soupçons de corruption.

L'épine du calendrier

Malgré les promesses des dirigeants qataris et leurs moyens financiers colossaux, des voix s'étaient immédiatement élevées pour réclamer un changement de calendrier pour la compétition phare de la Fifa, disputée habituellement en juin-juillet.

Le président de l'UEFA Michel Platini s'était prononcé pour une «réflexion globale» sur une éventuelle organisation du Mondial-2022 au Qatar en janvier. Le sélectionneur allemand Joachim Löw, son homologue pour l'Angleterre, l'Italien Fabio Capello, et Franz Beckenbauer, membre du comité exécutif de la Fifa, s'étaient aussi déclarés favorables à cette idée.

La Confédération asiatique (AFC) n'a elle pas hésité à programmer la Coupe d'Asie des nations au Qatar au mois de janvier, imitant la CAF (Confédération africaine) qui, elle aussi, organise tous les deux ans son tournoi continental à cette période de l'année pour éviter les fortes chaleurs.

Si le Mondial-2022 devait finalement se jouer en hiver, se posera immanquablement l'épineuse question du calendrier et de l'architecture de la saison dans les principaux championnats européens, pourvoyeurs des principales sélections mondiales.