Après de nombreuses visites autour du globe émaillées de controverses en tout genre et de tristes épisodes de corruption, les 22 membres du comité exécutif de la FIFA sont enfin prêts à passer au vote. Au terme des traditionnels jeux de coulisses, ils décideront jeudi dans quels pays se dérouleront les tournois de la Coupe du monde de 2018 et 2022.

Puisque les deux dernières présentations ont été attribuées aux continents africain et sud-américain, il est convenu depuis longtemps que la grande fête du ballon rond fera son retour en Europe en 2018. L'Angleterre, la Russie, les duos Espagne-Portugal et Belgique-Pays-Bas sont ainsi les candidats en lice.

Si plusieurs éléments extérieurs entrent en ligne de compte au moment du vote, les Anglais et les Ibériques sont sortis gagnants lors de la publication des rapports. Avec une projection record de 3,4 et 3,7 millions de billets vendus, ces deux premiers de classe ont d'excellents arguments à faire valoir.

Car à bien des égards, l'Angleterre et l'Espagne-Portugal se démarquent totalement des deux précédents pays organisateurs.

En plus d'avoir les deux championnats le plus médiatisés du monde, ils possèdent l'avantage d'être assez restreints géographiquement. Par exemple, seulement 693 km séparent les deux villes anglaises les plus éloignées, Plymouth et Newcastle.

De son côté, la péninsule ibérique, plus vaste, compense ce désavantage par des moyens de transport très bien développés. Qu'il s'agisse de transport aérien avec trois aéroports internationaux bien répartis ou terrestre avec notamment le train à grande vitesse.

Les infrastructures. Voilà le nerf de la guerre dans chacun des dossiers. C'est au chapitre des stades déjà en activité que l'Angleterre et l'Espagne-Portugal se distinguent des autres rivaux en lice.

Des 17 et 21 stades respectivement proposés, sept sont d'ores et déjà fonctionnels dans les deux camps. L'Angleterre propose également la rénovation de cinq enceintes et la construction de sept autres. De son côté, l'Espagne-Portugal compte en rénover neuf et en ériger cinq nouvelles.

Controverses

Malgré cet avantage infrastructurel, de gros nuages noirs planent au-dessus du dossier anglais. Outre quelques reproches sur le plan hôtelier, il pourrait également être pénalisé après les révélations faites par la BBC, hier. Selon un reportage de l'émission Panorama, trois membres du comité exécutif ont été impliqués dans une sombre affaire de corruption entre 1989 et 1999.

Les allégations au sujet d'Issa Hayatou et Nicolas Leoz, présidents des Confédérations africaine et sud-américaine, et Ricardo Teixeira, à la tête du comité d'organisation du Mondial 2014 au Brésil, pourraient être mal perçues par les autres membres du comité, selon Andy Anson. Le directeur général de la candidature anglaise explique: «C'est un petit groupe de 22 personnes, en quelque sorte une confraternité, et si vous heurtez l'un d'entre eux, cela a évidemment et inévitablement un impact sur les autres.»

L'Espagne et le Portugal n'ont également pas échappé aux controverses. De forts soupçons de collusion avec le Qatar ont pesé avant que la FIFA n'indique qu'elle n'avait pas les «preuves suffisantes» pour sévir. Cela ne devrait donc pas être handicapant, contrairement au caractère conjoint de la candidature.

Échaudée par l'expérience sud-coréenne et japonaise en 2002 et le casse-tête logistique que cela impose, la FIFA a longtemps rejeté ce type de dossier avant de finalement céder. Pour la forme?

La déception russe

Si le soccer est omniprésent depuis longtemps en Angleterre, en Espagne et au Portugal, de formidables gains peuvent être encore faits en Russie. C'est en substance l'argument principal des responsables russes.

Malheureusement pour le pays d'Andrei Arshavin, les faits viennent quelque peu assombrir le portrait. Suffisamment pour que la FIFA juge la candidature plus risquée que l'Angleterre et le duo Espagne-Portugal.

Tout d'abord, l'aspect des stades constitue une faiblesse car aucun n'est pour l'instant fonctionnel. Treize doivent encore être construits et seulement trois subiraient une rénovation.

Ensuite, les moyens de transport sont considérés comme à haut risque, la seule mention du genre attribuée aux dossiers européens. En raison des longues distances entre les villes et en l'absence de réelle solution de rechange, la FIFA estime que le réseau et les infrastructures aéroportuaires ne sont pas adaptés à un tel événement. Le décalage horaire entre certaines villes russes et l'Europe de l'Ouest en inquiète également plusieurs.

Finalement, la candidature belgo-néerlandaise traîne la patte depuis le début du processus. Le rapport n'est pas de nature à rassurer puisque la FIFA l'épingle au chaître des stades, des chambres d'hôtel à disposition, des terrains d'entraînement et même des garanties gouvernementales.