L'Afrique du Sud a déployé de grands moyens pour rassurer les visiteurs du Mondial-2010 de football face à un taux de criminalité record, mais elle est peu préparée face au risque terroriste, estiment des experts.

Eloignée des cibles d'attentats internationaux, «l'Afrique du Sud n'a pas le niveau de vigilance vis-à-vis du terrorisme que maintiennent d'autres pays dans le monde», relève Anneli Botha, de l'Institute for Security Studies (ISS).

Contrairement au Kenya ou au Pakistan par exemple, le pays est habitué à «un confort qui contribue à (sa) vulnérabilité», ajoute l'analyste.

Et l'ampleur d'un événement comme la Coupe du monde de football, vue sur les cinq continents par une audience cumulée de 25 milliards de téléspectateurs, fait entrer l'Afrique du Sud dans le radar des groupes terroristes internationaux.

La compétition «place le pays dans une catégorie de risque différente de ce dont il a l'habitude», note Mme Botha.

La semaine dernière, des responsables irakiens ont annoncé l'arrestation d'un Saoudien qui aurait révélé la préparation d'attentats contre le Mondial. La branche locale d'Al-Qaïda a depuis démenti viser la Coupe du monde, qui s'ouvre le 11 juin.

L'Afrique du Sud a réitéré qu'elle était prête à toute éventualité et la Fédération internationale de football (Fifa) a affirmé n'avoir connaissance d'aucune menace contre la compétition planétaire.

Mais l'épisode a rappelé l'existence d'un risque. Les Pays-Bas, dont le Onze national participe au Mondial, ont fait part de possibles «menaces contre les intérêts néerlandais en Afrique du Sud» et ont mis en garde les voyageurs.

44 000 agents supplémentaires

L'ambassade du Danemark à Pretoria a indiqué qu'elle travaillait étroitement avec les responsables de la sécurité sud-africains. Son équipe pourrait être ciblée dans le cadre de la controverse sur une caricature de Mahomet parue dans un journal danois.

En interne, la plupart des experts excluent un danger émanant de l'extrême droite blanche sud-africaine.

La police a opéré une série d'arrestations ces dernières semaines et saisi des explosifs destinés à des attentats dans des quartiers noirs. Mais ces extrémistes sont isolés et peu organisés.

L'Afrique du Sud a déployé 44 000 agents supplémentaires dans les neuf villes-hôtes du Mondial. L'armée et les services secrets sont mobilisés. La police nationale est en contact permanent avec Interpol et les polices des 31 autres nations sélectionnées pour la compétition.

Mais l'attaque d'un groupuscule séparatiste contre un bus transportant l'équipe nationale du Togo, lors de la Coupe d'Afrique des nations en janvier en Angola, a démontré l'attrait de tels événements pour quiconque recherche la publicité.

«Le risque est qu'un mouvement aligné sur Al-Qaïda utilise la compétition comme une plate-forme pour lancer une attaque massive contre une cible occidentale en Afrique du Sud», estime Frans Cronje, de l'Institute of Race Relations.

Selon lui, les frontières poreuses du pays et l'ampleur des fraudes sur les pièces d'identité fournissent un terrain propice à une possible action terroriste.

«Il est relativement facile d'obtenir de faux documents et de vivre et travailler en Afrique du Sud sous une fausse identité», souligne M. Cronje. Selon lui, «le défi serait facile à relever pour une cellule d'Al-Qaïda voulant infiltrer du personnel et des armes dans le pays avant la Coupe du monde.»