Ce sont habituellement les joueurs de champ qui cultivent l'art du contre-pied. Le gardien Matt Jordan a usé de cette stratégie en annonçant, lundi, qu'il quittait les surfaces de réparation pour devenir le directeur des opérations soccer de l'Impact.

L'effet de surprise est d'autant plus grand que tous les observateurs s'attendaient à le revoir dans les cages montréalaises en 2011. L'Impact et Jordan en étaient même arrivé à une entente - non-dévoilée publiquement - afin qu'il dispute une autre saison. Durant les Fêtes et après une bonne discussion avec sa famille, il a plutôt décidé de faire marche arrière.

«Je n'ai aucun doute sur mes capacités de gardien en ce moment. J'ai le sentiment que j'aurais pu jouer cette saison et la prochaine, a indiqué Jordan. Mais en fin de compte, je ne pouvais pas refuser cette opportunité et ce nouveau défi. J'ai hâte de me mettre au travail et d'aider le club dans sa transition vers la MLS.»

Concrètement, Jordan devient le bras droit de Nick De Santis dont la nouvelle fonction de directeur sportif englobe dorénavant la supervision de toutes les équipes de l'Académie.

«Matt va être comme mon adjoint, a résumé De Santis. C'est une excellente personne pour ce poste-là parce qu'il va travailler chaque jour et qu'il a la même philosophie. Cela fait cinq ans qu'il est avec l'équipe et il sait ce dont on a besoin. Il a aussi beaucoup de crédibilité au niveau des équipes nationales américaines et des joueurs américains.»

Jordan possède surtout une bonne connaissance de la MLS. Avant ses débuts montréalais en 2007, le natif Aurora, en banlieue de Denver, a passé huit saisons à Dallas, Columbus et au Colorado. La complexité de la ligue avec ses nombreuses règles et ses multiples repêchages ne lui font pas peur.

«Je suis au courant de beaucoup de choses, mais comme toute chose dans la vie, il y a beaucoup à apprendre. Je sais que je possède l'éthique de travail et la détermination pour occuper un poste comme celui-ci.

«Ce qui est unique dans mon cas est que j'ai évolué dans la MLS lors de ses premières années. J'ai connu les périodes difficiles que la ligue a traversées. J'ai joué pour trois équipes et je pense que je peux prendre un petit peu de chacune d'entre elles.»

Un bon élève, employé et coéquipier

Fier compétiteur, Jordan a été l'un des acteurs importants dans l'histoire récente du club. Champion de la USL en 2009, il a aussi été une figure prépondérante de l'épopée en Ligue des Champions de la CONCACAF l'année précédente.

Pas étonnant alors qu'il soit très apprécié par les partisans, ses coéquipiers, le staff technique et le président de l'Impact.

«Matt est un athlète hors-pair qui s'est démarqué autant par ses qualités sur le terrain que par son professionnalisme et son dévouement pour le club, a indiqué Joey Saputo. Il est synonyme de vrai joueur professionnel. Il est le joueur que tout président rêve d'avoir.»

Et aussi l'élève idéal pour chaque entraîneur de gardiens. Au quotidien, c'est avec Youssef Dahha qu'il débutait chaque séance d'entraînement. Avant de remercier de façon très émotive sa famille, Jordan a d'ailleurs eu la larme à l'oeil en évoquant Dahha. Le respect est mutuel.

«Au niveau humain, c'est une personne avec laquelle je me suis très bien entendu, a souligné ce dernier. Avec les années, on s'est lié d'amitié et de respect. C'est important maintenant de me détacher de Matt. Ne pas le voir chaque jour aux entraînements, cela va être quelque chose de très spécial.»

Justement, qui aura la tache d'enfiler les gants de Jordan qui a lui-même succédé à Greg Sutton? De Santis n'est pas encore à l'étape de la divulgation de noms.

«On a différentes options. On attendait un petit peu car je voulais que Matt soit dans les négociations.

«Est-ce que l'on est confiant que l'on pourra aller chercher quelqu'un de la qualité de Matt? Oui, mais les gardiens avec qui nous sommes en discussion savent que, s'ils viennent ici, ils doivent être prêts à remplir les souliers de Matt et de Sutton avant. C'est pour ça que l'on prend notre temps.»