Arrivée à l'Euro-2012 sans aucun repère et avec des ambitions a priori extrêmement modestes, l'Angleterre se prend à rêver à un avenir dans ce tournoi après être sortie en tête de son groupe et avant un quart de finale à sa portée face à une Italie qui lui ressemble un peu.

Atteindre le dernier carré d'un grand tournoi international, cela n'est plus arrivé aux Anglais depuis l'Euro-1996 organisé à domicile et ils ont depuis buté à trois reprises sur les quarts de finale (2002, 2004 et 2006).

Pourtant, cette Angleterre convalescente, qui n'avait pas encore de sélectionneur quelques semaines avant l'Euro, qui devait se passer de Lampard, Barry, Cahill ou Wilshere, blessés, qui appréhendait les deux matches à jouer sans son leader d'attaque Wayne Rooney, croit désormais en ses chances.

«Ce sera encore une rencontre équilibrée, encore un match qui pourra basculer d'un côté comme de l'autre. Ce qui est bien, c'est que nous sommes là, toujours dans la compétition, et nous voulons rester dans la compétition parce que nous y avons pris beaucoup de plaisir», a simplement déclaré le très tranquille sélectionneur Roy Hodgson.

Surnommé «Monsieur Moyen» dans son pays, parfois moqué pour sa difficulté à prononcer les «r» ou pour sa politesse et ses manières un peu désuètes, Hodgson a réussi à bâtir une équipe étonnamment solide autour d'une charnière Terry-Lescott improvisée au gré des blessures et de Joe Hart, un très bon gardien, ce qui est presque une incongruité en Angleterre.

Mais la sélection aux Trois Lions a d'autres atouts que sa défense et n'est pas sortie invaincue par hasard d'une poule homogène où elle a battu la Suède (3-2) et l'Ukraine (1-0) et fait match nul avec la France (1-1).

Le premier de ces atouts, et là encore c'est une surprise, c'est Steven Gerrard. C'est une surprise parce que le milieu de terrain et capitaine n'a été titularisé que 12 fois cette saison en Championnat avec Liverpool à cause de blessures.

Rooney et les dynamiteurs

Mais il est arrivé frais à l'Euro et c'est comme si l'absence de Lampard, avec qui il n'est curieusement jamais parvenu à s'entendre sur un terrain, l'avait libéré. Résultat, avec trois passes décisives et une présence énorme au milieu de terrain, il est l'un des tout meilleurs joueurs de la compétition.

En attaque, enfin, l'Angleterre a donc retrouvé Rooney, mais elle a aussi trouvé Welbeck, Carroll et Walcott.

Les trois jeunes attaquants de Manchester United, Liverpool et Arsenal ont dynamité la défense suédoise avec chacun un but magnifique (mention spéciale à la talonnade aérienne de Welbeck) et ont montré que Hodgson disposait de nombreuses options tactiques dans ce secteur.

Et puis après le 8e de finale du Mondial-2010 perdu face à l'Allemagne et le but non accordé à Lampard alors que le ballon avait franchi la ligne, les Anglais ont constaté avec plaisir le retour de «Lady Luck», comme l'ont écrit les journaux locaux.

Secoués par l'Ukraine, ils ont cette fois bénéficié d'une erreur d'arbitrage similaire, puisque le tir contré de Devic avait passé la ligne avant le dégagement en catastrophe de Terry, et se sont imposés 1-0.

Mal préparés, handicapés par les blessures, sans coach jusqu'à fin avril, les Anglais affronteront dimanche à Kiev des Italiens, eux aussi frappés par les blessures et dont l'avant-Euro a été très perturbé par le scandale du Calcioscommesse.

Voilà deux équipes qui, quand elles disent qu'elles n'ont rien à perdre, ne bluffent pas.