Samuel Piette voit d’un bon œil les nouveautés de la présaison

(Orlando) On n’avait pas fait deux pas sur le terrain numéro 5 du complexe ESPN Wide World of Sports, à Disney World en banlieue d’Orlando, que le constat de cette présaison chez le CF Montréal s’est confirmé : l’ambiance est positive, les sourires sont nombreux, la joie d’être ensemble est palpable.

Samuel Piette et Josef Martínez sont les têtes d’affiche des deux équipes de trois membres du CFM qui s’affrontent dans une joviale partie de soccer-tennis. Le temps est doux en cette fin de matinée, le ciel est grisâtre, l’entraînement est léger et il tire à sa fin. Seule une moitié de l’effectif s’y trouve, l’autre moitié étant resté à l’hôtel pour récupérer après un match amical contre Atlanta United, la veille.

C’est justement dans le hall de ce chic établissement, à une dizaine de minutes de voiture du complexe sportif, que nous rencontrons Piette en début d’après-midi. Avant même qu’on puisse l’interroger sur le sujet de la présaison, il s’élance.

« Ça se passe bien, on travaille sur de nouveaux trucs, dit-il. C’est sûr que pour certains d’entre nous, c’est nouveau, mais on assimile tout ça quand même assez rapidement. »

Il y a des trucs qui vont prendre un peu plus de temps. Mais on implémente des choses qui sont positives, et qui vont nous aider toute la saison.

Samuel Piette

Piette parle toujours avec verve, et jamais pour ne rien dire. Mais en ce jeudi floridien, on le sent décontracté. Sans insinuer qu’il était braqué lors d’un bilan tendu, en octobre dernier, le contraste est substantiel.

À l’automne, malgré ses critiques envers Hernán Losada, il soulignait quand même que repartir à zéro, encore une fois, avec un nouveau personnel d’entraîneurs n’était pas la solution à rechercher à tout prix. Aujourd’hui, après trois semaines sous Laurent Courtois, est-il du même avis ?

PHOTO JEAN-FRANÇOIS TÉOTONIO, LA PRESSE

Quelques joueurs du CF Montréal jouent au soccer-tennis lors d’un entraînement, à Orlando.

« On ne recommence quand même pas à zéro, nuance-t-il. On ne réapprend pas à marcher et à faire des passes, ou comment défendre à un contre un. On apprend par contre de nouveaux trucs au niveau du collectif. […] Quand tu recommences sur de nouveaux trucs qui sont bien, ça ne dérange pas. Quand tu sais que c’est une bonne chose pour nous les joueurs, et pour le club aussi. On a plus de chances de se donner des chances. C’est encourageant et positif. Mais ça va prendre du temps. »

Il fait lui-même référence aux leçons apprises sous Wilfried Nancy.

« Ce n’est pas qu’on veut nécessairement revenir à ça, souligne le capitaine du CFM. Mais on ne peut pas effacer une saison record, alors il y a évidemment du positif à aller prendre. Je pense que Laurent et son staff sont conscients de ça. Mais ils ajoutent leurs ingrédients, leur sauce, leur manière de travailler. […] On essaie d’ajuster des trucs pour tenter d’avoir une saison semblable, ou du moins de nouvelles bases positives et bonnes pour le groupe. »

À la recherche du « bon karma »

Piette parle d’« ingrédients », de « sauce » : on n’a pas encore pu goûter au mets. Il faudra attendre le début de la saison, le 24 février, contre Orlando justement. Mais on a tout de même eu droit à de légers effluves émanant de la mijoteuse, jeudi. (Ce sera la dernière métaphore culinaire boiteuse de ce texte, promis.)

On vous parlait il y a quelques jours de petites directives que Laurent Courtois a imposées à ses ouailles depuis son arrivée. Nettoyer le vestiaire avant de le quitter. Déposer de façon ordonnée ses chaussures sport en entrant sur le terrain d’entraînement, au lieu de les jeter un peu partout.

Il y en a d’autres.

« On se voit le matin, on se serre la main », raconte Piette. Jusque-là, rien qui mérite une mention dans un média d’information.

« On arrive à l’entraînement, il veut qu’on se resserre la main. L’entraînement est fini, on se serre la main. Je trouve ça bien, parce que l’entraînement peut aller super bien, ça peut mal aller, mais le respect pour les autres, de dire : “Hé, merci d’avoir travaillé aujourd’hui”, les coachs envers nous, nous les joueurs [envers les coachs]. Ce n’est pas ce qui se dit, mais c’est un genre de non-verbal. »

Ça peut paraître anodin, dit le milieu de terrain, mais « ce sont des petits trucs qui font en sorte qu’on est dans un meilleur environnement de vie, qu’on se respecte encore plus ».

PHOTO JEAN-FRANÇOIS TÉOTONIO, LA PRESSE

Josef Martínez à l'entraînement avec ses nouveaux coéquipiers

Pour Laurent Courtois, il s’agit d’une question de « gros bon sens ».

« Le plus important pour moi, explique l’entraîneur-chef, qui s’était assis sur la même chaise que Piette quelques minutes plus tôt, c’est que ces petites choses là [vont faire en sorte] que tu ne concèdes pas à la 90minute, ou moins souvent. Ou tu marques le dernier but. Mettons toutes les chances de notre côté pour avoir le bon karma. »

« Patience »

Samuel Piette la sent, cette excitation, au seuil de la saison du CF Montréal. Il le sait que cette saison, tous les abonnements sont vendus. Il se réjouit de voir l’« ambition » renouvelée du club, qui transparaît à travers ses récentes acquisitions.

« On sent que les gens veulent aimer le club, se ranger derrière nous, formule-t-il. […] Il y a un bon buzz en ce moment. Il faut en profiter. Il faut surfer la vague quand elle est là. Mais il ne faut pas se cacher, il va y avoir des moments difficiles. »

Piette fait bien de le rappeler. Laurent Courtois est un entraîneur recrue au plus haut niveau nord-américain, Josef Martínez veut retrouver sa forme d’antan, et Matías Cóccaro n’a jamais botté un ballon en MLS.

Qui plus est, Montréal entame sa saison avec six matchs sur la route.

« Si tu me dis qu’on va chercher 18 points [sur ces six rencontres], c’est l’objectif, mais on va se le dire, ça va être très, très, très difficile. Il faut prôner la patience et rester avec nous. Je sais qu’on travaille bien, on veut bien faire les choses. »

C’est aussi le but sous-jacent à la culture que tente d’implanter Laurent Courtois.

« Ça fait en sorte qu’on peut tous mieux vivre ensemble, souligne Samuel Piette. Et que dans les moments un peu plus difficiles, on peut se rabattre sur ça. »

Carte postale

Dans le hall d’un hôtel d’Orlando

La mort, les taxes, Joaquín Sosa qui se promène avec son verre de maté. On l’avait vu dans un extrait vidéo publié par le CF Montréal il y a quelques semaines, et on a encore aperçu l’Uruguayen jeudi, boisson typiquement sud-américaine à la main, dans le hall de l’hôtel du club à Orlando.

On a passé quelques petites heures assis à une table au rez-de-chaussée de l’établissement, surtout pour y attendre les représentants de l’équipe avec qui on avait rendez-vous.

Entre-temps, il ne se passait pas deux minutes sans qu’un individu vêtu du bleu montréalais ne vienne se balader devant nos yeux. Tantôt, c’était Josef Martínez au téléphone, accompagné de sa garde rapprochée, traversant le couloir non sans jeter un petit regard au cadre des Avengers installé sur un présentoir. Tantôt, c’était Samuel Piette, en conversation avec le jeune défenseur Fernando Álvarez – en espagnol, s’il vous plaît.

Quelques minutes plus tard, c’était Martínez à nouveau, traversant le couloir dans l’autre sens, cette fois accompagné de son nouveau comparse en attaque Matías Cóccaro.

Disney World, « the most magical place on earth », qu’ils annoncent à l’entrée, sur l’autoroute. On écrit ces lignes en début de soirée à Orlando, de la terrasse de notre hôtel que surplombent au loin de hautes montagnes russes, les cris de ses utilisateurs en trame de fond. Le manège disparaît à l’horizon, puis réapparaît, de notre angle, au-dessus d’un Buffalo Wild Wings tout près. Pas besoin d’attendre le Super Bowl pour vivre la magie.