(Toronto) La Coupe du monde de soccer devrait stimuler le tourisme à Toronto et à Vancouver, mais un expert conseille de se méfier des prévisions optimistes.

La FIFA a annoncé dimanche que les deux villes accueilleraient un total combiné de 13 matchs, dont la première partie de la Coupe du monde masculine présentée au Canada à Toronto.

La mairesse de la Ville Reine, Olivia Chow, s’est réjouie de voir la métropole ontarienne sélectionnée pour présenter six matchs, tout comme le maire de Vancouver, Ken Sim, qui s’est aussi dit heureux que sa ville accueille sept matchs « épiques ».

Selon la Ville de Toronto, l’évènement devrait créer 3585 emplois et attirer plus de 300 000 visiteurs. Le Canada devrait voir également son PIB augmenter de 1,2 milliard grâce aux matchs combinés de Vancouver et de Toronto.

La Ville Reine indique que ce coup de pouce économique comprend 393 millions de PIB pour Toronto et 456 millions supplémentaires pour l’Ontario.

Les bénéfices projetés pour Toronto étaient en hausse de près de 30 % par rapport à ce que la ville avait annoncé au milieu de 2022.

Cependant, le coût pour les contribuables sera également élevé : Toronto a évalué en 2022 que les coûts seraient d’environ 300 millions et Vancouver la même année d’environ 250 millions.

Aucune des deux villes n’a publié une mise à jour de leurs estimations.

Lorsque Toronto s’est proposée comme ville hôte pour la première fois en 2018, un rapport de l’administration municipale estimait le coût entre 30 et 45 millions.

Un effet à long terme ?

L’impact appréhendé sur l’économie ne tient pas non plus compte du fait que les touristes rempliraient déjà les hôtels et les restaurants pendant la haute saison estivale, avance Moshe Lander, chargé de cours en économie à l’Université Concordia à Montréal.

« Les villes sont déjà remplies de touristes pendant l’été, les hôtels sont déjà pleins et les bars et restaurants sont déjà pleins », soutient M. Lander, qui étudie l’économie du sport.

Si les touristes amateurs de soccer supplantent simplement les touristes réguliers, les bénéfices économiques seront considérablement moindres, expose-t-il.

L’attention suscitée par les matchs peut également conduire à une augmentation à long terme du tourisme et à une amélioration générale de l’image d’une région. C’est en partie la raison pour laquelle le Qatar a dépensé plus de 200 milliards pour accueillir la dernière Coupe du monde.

La Colombie-Britannique parie également sur un effet à plus long terme. Destination BC estime que le tournoi pourrait générer 1 milliard pour le secteur touristique de la province, lorsque l’évènement et les cinq années qui suivront seront pris en compte.

M. Lander se demande toutefois dans quelle mesure Toronto ou Vancouver pourraient réellement améliorer leur visibilité en accueillant les parties, compte tenu de leur composition mondiale multiculturelle et du fait qu’ils ont déjà accueilli de grands évènements sportifs internationaux.

« Il est presque impossible que les gens ne sachent pas ce qu’est Toronto, et Vancouver se trouve bien sûr dans une situation très similaire », évoque le spécialiste.

« Cela ne rehausse même pas le profil de ces villes d’une même manière que les pays les plus pauvres ou les moins connus pourraient bénéficier d’un coup de pouce », ajoute-t-il.

Même si les projections peuvent présenter des lacunes, les résultats de certains évènements passés sont prometteurs.

Un rapport de Canada Soccer révèle que la Coupe du monde féminine de la FIFA 2015 et la Coupe du monde féminine U-20 de la FIFA 2014 ont généré 493,6 millions en activité économique pour le Canada, soit plus que les projections de 337 millions.

Les coûts initiaux des deux compétitions s’élevaient à 216 millions, générant 249 millions de PIB net avec 97,6 millions de recettes fiscales soutenues à travers le pays, selon le rapport.

M. Lander affirme que, compte tenu des infrastructures existantes à Toronto et à Vancouver, ces villes devraient être gagnantes sur le plan économique, mais ce ne sera pas le cas des contribuables.