Tout a commencé en novembre 2010, à l'occasion d'un repas chez Il Giardino, à Vancouver.

Victor Montagliani, alors vice-président de Canada Soccer, et Peter Montopoli, qui en était le secrétaire général, partageaient une table avec leur mentor Walter Sieber. Ce dernier, un homme ayant ses entrées à la FIFA, a été le directeur général des sports lors des Jeux olympiques de 1976, à Montréal.

«Nous étions en processus de candidature pour le Mondial féminin de 2015. Walter m'a dit, «Une fois que tu seras devenu le président de Canada Soccer (CS), à mon avis, ce sera le bon moment de considérer appliquer pour la Coupe du monde (de soccer masculin)'», se rappelle Montagliani.

Fiesta de 32 clubs à cette époque, le Mondial masculin est désormais un géant à 48 têtes.

Montagliani, élu deux fois aux commandes de Canada Soccer, est devenu le président de la CONCACAF et un vice-président de la FIFA.

Le Canada a persévéré dans la candidature pour une Coupe du monde, mais dans un effort commun avec les États-Unis et le Mexique. Mercredi, on saura si ce trio a été choisi au détriment du Maroc pour le tournoi de 2026, alors que plus de 200 associations membres de la FIFA voteront, lors du conseil de la FIFA.

Plusieurs milliards $ sont en jeu. La candidature tripartite a mis au budget une facture de 2,16 milliards $ US et prévoit des revenus de 14,3 milliards.

Sieber compte aussi à sa feuille de la route la vice-présidence du Comité olympique canadien (1985-2009), et aussi d'avoir été le chef de mission du Canada lors des Jeux olympiques de 1992, à Albertville.

En 2010, Sieber racontait à Montagliani et Montopoli comment le Canada a tenté sa chance pour le Mondial de 1986. Accordé à l'origine à la Colombie, l'événement devait être présenté ailleurs, car en 1982, la nation sud-américaine s'est retirée, disant ne pas avoir les ressources économiques pour répondre aux demandes de la FIFA.

«J'annonce à mes compatriotes que la Coupe du monde de 1986 n'aura pas lieu en Colombie, statuait le président colombien Belisario Betancur, selon le New York Times. Nous avons beaucoup de choses à prendre en charge, et nous n'avons pas le temps de nous plier aux extravagances de la FIFA.»

Les Canadiens, les Américains et les Mexicains ont déposé des candidatures séparées comme hôte de remplacement. Le Mexique a remporté le vote.

Montagliani a accédé à la présidence de CS en 2012. Le Canada a formellement annoncé une candidature en janvier 2014. À ce moment, on trouvait prématuré de parler d'une candidature partagée, mais c'était dans le domaine du possible.

Au milieu de 2015, à peu près pendant le Mondial féminin, Montagliani avait des ententes verbales avec ses homologues aux États-Unis et au Mexique. Pour lui, vu les atomes crochus des organisations, il n'était que sensé de partager la tâche comme des voisins. L'idée a paru encore meilleure quand le nombre de matches est passé de 64 à 80.

«Vic va être modeste dans tout ça, mais comme il était le président de la CONCACAF et un vice-président de la FIFA, il a joué un grand rôle pour ce qui est de rassembler les trois pays, a dit Montopoli. Nous étions plus forts ensemble que séparément.»

La triple candidature a été annoncée officiellement en avril 2017. Le plan, que la FIFA pourrait modifier: soixante matches aux États-Unis, 10 au Canada et 10 au Mexique.

Montopoli dit que deux choses ont été cruciales pour la campagne canadienne: d'abord le succès retentissant du Mondial féminin avec une assistance de 1 353 506 personnes selon la FIFA, le plus important public dans les gradins d'un tournoi de la FIFA, à part le Mondial masculin. Mais aussi le fait que Montagliani est devenu le président de la CONCACAF, en mai 2016.

«Au point de vue de la crédibilité, nous avions tous les éléments pour marquer», a dit Montopoli.

Steven Reed, successeur de Montagliani comme président de Canada Soccer, et Sandra Gage, numéro 1 du marketing de CS, ont aussi mis l'épaule à la roue.

«Et maintenant nous voilà», résume Montagliani.