Le président de la FIFA et son vis-à-vis de l'UEFA, Joseph Blatter et Michel Platini, ont été suspendus pour huit ans de toute activité dans le monde du soccer par la Cour éthique de la FIFA, qui écarte ainsi d'un seul coup deux des plus importants leaders du sport.

On leur reproche d'avoir été en conflit d'intérêts pour une affaire de paiement, versé en 2011, de quelque 2,75 millions $ CAN approuvé par Blatter pour du travail effectué par Platini entre 1998 et 2002 et qui fait l'objet d'une enquête criminelle en Suisse.

Les deux hommes ont rapidement réagi en réponse à ce verdict. Ils nient avoir quoi que ce soit à se reprocher et comptent porter en appel cette décision devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).

«Je me battrai, a dit Blatter au cours d'une conférence de presse à Zurich. Je me battrai jusqu'au bout.»

Platini a quant à lui dit de tout ce processus qu'il a été une «véritable mascarade».

Blatter a invoqué Nelson Mandela, Martin Luther King et les Nations Unies dans une prestation enflammée de 52 minutes devant les médias internationaux, précisant qu'il en appellerait aussi devant le Comité d'appel de la FIFA. Ses derniers mots ont été: «Je serai de retour, merci».

Il s'agit d'une fin de carrière en disgrâce pour l'homme de 79 ans, qui a oeuvré au sein de la FIFA pendant 40 années, dont les 17 dernières à la présidence. S'il regrette sa position actuelle, il déclare n'avoir rien à se reprocher.

«Je n'ai pas honte, a-t-il dit. Je suis désolé qu'on se défoule sur moi et je suis désolé pour le soccer. Je suis maintenant suspendu huit ans, huit ans. Mais je suis suspendu huit ans pour quoi?»

Platini a aussi sévèrement critiqué le travail du Comité d'éthique. Il a dit des procédures, notamment de l'audience à laquelle il n'a pas participé plus tôt ce mois-ci, qu'elles avaient été «orchestrées (...) par des organismes que je connais bien» afin de ternir sa réputation.

«Je suis convaincu que mon sort était déjà scellé avant l'audience du 18 décembre dernier et que ce verdict n'est que l'habillage pathétique d'une volonté de m'éliminer du monde du soccer. Sur les terrains comme dans l'exercice de mes mandats, mon comportement a toujours été irréprochable et je suis, pour ma part, en paix avec ma conscience.»

Le Français âgé de 60 ans, qui a aussi déclaré qu'il allait engager des poursuites civiles afin d'être dédommagé pour ce qu'il vient d'endurer, semble être à bout de recours dans sa quête pour remplacer Blatter à l'élection présidentielle du 26 février prochain. Dans une courte déclaration, l'UEFA a indiqué être «extrêment déçue» de cette décision et qu'elle appuie ce que fait Platini pour nettoyer sa réputation.

Les juges à l'éthique de la FIFA ont statué que Blatter et Platini avaient contrevenu à leurs règles sur les conflits d'intérêt, le bris de loyauté ainsi que sur la politque en ce qui a trait à l'offre et à l'acceptation de cadeaux. Dans le jugement rendu lundi, Blatter est également mis à l'amende pour quelque 70 000 $. Platini a écopé d'une amende d'un peu plus de 112 000 $.

«Ni dans sa déclaration écrite, ni au cours de son audience M. Blatter a-t-il été en mesure de fournir une justification légale pour ce versement, ont dit les juges. En faillissant à placer les intérêts de la FIFA à l'avant et en ne pouvant s'abstenir de faire quoi que ce soit de contraire aux intérêts de la fédération, M. Blatter a violé ses obligations fiduciaires envers celle-ci.

«Son admission d'un accord oral a été jugé non convaincant et rejeté par cette instance.»

Blatter a réagi à cette conclusion pendant sa conférence de presse, rejetant le portrait de menteurs qu'a fait le comité des deux hommes.

«Ce n'est pas correct.»

Répondant en français à la question d'un journaliste, il a ajouté: «Je suis triste. Je ne peux quitter de cette façon, ce n'est pas possible. Pas après 40 ans. Ça ne peut pas se faire comme ça. (...) Je me bats pour faire valoir mes droits.»

Blatter a admis une «erreur» administrative le fait d'avoir omis d'indiquer la dette de FIFA à l'endroit de Platini dans ses livres pendant huit ans. Mais il a insisté: «Ça n'a rien à voir avec les règles d'éthique».

Archives, Agence France-Presse

Michel Platini a qualifié le processus de «véritable mascarade».